Élevage 12 juillet 2021

La CPTAQ est incohérente, dit l’UPA de la Montérégie

La Fédération de l’UPA de la Montérégie dénonce le virage à 180 degrés de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ), qui entend finalement autoriser le dézonage d’une terre à Saint-Hyacinthe, et ce, spécialement pour la construction de l’abattoir d’Exceldor.

Dans un document de six pages, publié le 12 juillet, la Fédération dénonce les nombreuses incohérences qu’elle observe dans l’orientation préliminaire modifiée publiée le 16 juin dernier par la CPTAQ. 

Rappelons que cet organisme gouvernemental s’était d’abord opposé au dézonage de ladite terre à Saint-Hyacinthe au cours des dernières années. « Il est aberrant de voir la Commission changer complètement son fusil d’épaule à compter de la page 25 de l’avis [publié le 16 juin]. […] La Commission annonce qu’elle compte désormais autoriser en partie un usage autre qu’agricole sur des motifs étrangers au cadre législatif qui encadre habituellement ses décisions », s’objecte la Fédération de l’UPA de la Montérégie. Cette dernière attribue également de graves manquements à la CPTAQ de vouloir soudainement accorder le dézonage d’une superficie de 10 hectares, sans avoir fait l’exercice de demander une analyse des sites équivalents disponibles où pourraient être construit l’abattoir. « On n’a aucun indice que la CPTAQ est sous influence, mais c’est très étrange de voir un tel changement d’orientation basé sur de nouveaux arguments qui ne sont clairement pas valables et des pseudo-critères qui ne sont même pas dans la loi. C’est très incohérent », indique avec insistance le président Jérémie Letellier.

Pseudo-critères

La Fédération de l’UPA de la Montérégie considère comme des « pseudo-critères » le fait que la Commission craint que la fermeture de l’abattoir d’Exceldor priverait 400 producteurs agricoles d’un débouché pour écouler leurs volailles. « En aucun cas, il n’a été question de la fermeture de l’abattoir d’Exceldor dans l’éventualité où la Commission refuserait la présente demande. […] C’est donc dire que dans le cas d’un refus de la Commission, cette coopérative en pleine expansion s’effondrerait tout simplement? La Commission serait bien naïve d’y croire », dit la Fédération de l’UPA de la Montérégie. L’organisation ajoute que dans les dossiers précédents, la CPTAQ s’est dite préoccupée par différents enjeux reliés à la biosécurité. Or, « la Commission est d’ailleurs muette sur cet enjeu dans son avis de modification de l’orientation préliminaire et n’explique pas pourquoi ses craintes ne sont plus présentes », dit la Fédération, qui, chiffres à l’appui, souligne que la région de Saint-Hyacinthe compte un bassin d’élevage avicole près de deux fois plus élevé dans un rayon de 10 km que l’emplacement actuel de l’abattoir à Saint-Damase. Elle rappelle qu’un abattoir, avec un grand nombre d’oiseaux d’origines multiples amenés sur le site, peut accroître les problèmes de biosécurité

La CPTAQ justifie en partie son intention d’accepter le dézonage de la terre afin d’être en lien avec la Politique bioalimentaire 2018-2025. La Fédération rétorque que ladite politique bioalimentaire vise à « mettre en valeur et pérenniser les terres agricoles pour les générations futures », concluant de surcroît que la politique bioalimentaire n’est pas un critère de la loi.

La CPTAQ décidera au cours des prochaines semaines si elle convoque tous les partis en audience ou si elle rend un jugement final sur cette controversée demande de dézonage d’une terre agricole pour le compte d’Exceldor et les agriculteurs qui en sont propriétaires.