Vie rurale 11 juillet 2021

Place aux femmes en aviculture

En 60 ans et quelques plumes de vie agricole, Monique Hénault-Émery, de Saint-Félix-de-Valois, a été témoin de l’évolution du rôle des femmes en agriculture, ayant elle-même été une pionnière dans la gestion d’une ferme. À 84 ans, elle est toujours active dans un secteur d’activités encore dominé par les hommes.

Selon des données fournies par Les Éleveurs de volailles du Québec, les femmes représentent 27 % des exploitants de ferme de volailles au Québec. Ce pourcentage correspond à celui des femmes propriétaires ou copropriétaires d’entreprises agricoles dans la province. La situation des femmes s’est tout de même améliorée depuis l’époque pas si lointaine où elles ne pouvaient même pas emprunter dans une institution financière sans la signature de leur mari, souligne l’octogénaire.

« Quand je me suis mariée en 1956, la ferme était au nom de mon mari, mais il n’aimait pas le travail agricole », raconte cette mère de cinq enfants. Rapidement, elle prend les rênes de l’entreprise, un domaine qui lui est alors totalement étranger. La jeune Monique apprend à traire les vaches et à s’occuper des autres animaux et de la volaille. Malgré les difficultés que cela représente alors d’être une femme au chapitre du financement, et grâce à son audace et à sa détermination, elle fera construire un premier poulailler en 1963.

Elle précise que le quincaillier local, qui la connaissait bien, avait accepté de lui avancer les matériaux de construction sur son honneur et sans intérêts. D’autres bâtiments s’ajouteront en 1970, 1972 et 1976. Mme Hénault-Émery, qui se réjouit d’avoir pu contribuer au fil des ans à établir ses enfants et ses petits-enfants, est encore aujourd’hui propriétaire de 1 901 m2 de quotas. « Le monde me regardait de travers et on me montrait du doigt, mais je suis contente de ma réussite et d’avoir fait ma place dans un monde d’hommes », dit-elle.


Teresa Fuoco a convaincu son mari d’aller vers la transformation. Teresa Fuoco
Teresa Fuoco a convaincu son mari d’aller vers la transformation. Teresa Fuoco

Teresa Fuoco

Teresa Fuoco est copropriétaire de Volailles aux Grains Dorés. L’entreprise produit quelque 72 000 poulets par année, sans compter les dindons, et transforme 70 produits offerts à la ferme de Saint-Dominique et dans huit points de vente. « Mon mari, Michaël Boulay, a la charge de l’élevage alors que moi, je suis responsable de la gestion et des produits cuisinés », dit-elle.

Issue du domaine de l’édition, Mme Fuoco a rencontré son mari en voyage. « Je trouvais ça illogique de voir qu’il ne mangeait pas son propre poulet et je l’ai convaincu de démarrer le volet transformation », ajoute celle qui avoue n’avoir jamais senti de difficultés particulières à intégrer la profession en tant que femme. Le seul endroit où ça peut parfois faire une différence, c’est dans la gestion du personnel de boucherie, selon Mme Fuoco. Bien qu’il soit encore tôt pour en parler, la relève pourrait bien être féminine au sein de l’entreprise, puisque leur fille de huit ans, Giona, travaille déjà avec ses parents.


Diane Hébert œuvre dans le domaine de l’agroalimentaire depuis les années 1990.
Diane Hébert œuvre dans le domaine de l’agroalimentaire depuis les années 1990.

Diane Hébert

Pour la directrice du couvoir du Groupe coopératif Sollio de Victoriaville, Diane Hébert, le fait d’être une femme dans un milieu d’hommes ne présente pas de défis particuliers. « Ma façon de gérer n’est pas différente parce que je suis une femme », dit-elle. Mme Hébert est bien accueillie dans la profession. Elle raconte même qu’une productrice d’œufs d’incubation était plutôt heureuse de constater qu’un couvoir était enfin dirigé par une femme.
Diane Hébert a commencé à être directrice d’usine dans les années 1990. Avant de travailler pour le couvoir, elle avait été directrice d’un abattoir de canards pendant deux ans. « Quand j’ai commencé, je devais jouer du coude pour prendre ma place et démontrer que j’avais la capacité pour occuper l’emploi, mais les choses ont beaucoup évolué », constate-t-elle.