Vie rurale 5 juillet 2021

Les garçons plus vulnérables aux blessures à la ferme

Les garçons de 0 à 17 ans sont les grandes victimes des accidents subis par des enfants dans le milieu agricole, démontre une étude réalisée au Centre hospitalier de l’Université de Sherbrooke (CHUS).

« C’est ce qu’on pourrait nommer une maladie de garçon, a qualifié le Dr Claude Cyr, médecin au CHUS, qui a présenté les conclusions d’une étude sur la prévention des accidents de la ferme chez les enfants lors de la première de deux conférences sur le sujet, le 28 juin. Les raisons expliquant cette situation sont multifactorielles, selon lui, mais l’une d’entre elles est « qu’on ne remet peut-être pas assez en question certaines traditions, comme celle de faire monter un enfant sur un tracteur », a-t-il suggéré.

Les Drs Claude Cyr et Gabrielle Spiegle-Morin ont supervisé une étude sur la prévention des accidents de la ferme chez les enfants à partir des données provinciales de 2002 à 2015. Photo : Martin Ménard/Archives TCN
Les Drs Claude Cyr et Gabrielle Spiegle-Morin. Photo : Martin Ménard/Archives TCN

Les accidents liés à la machinerie agricole arrivent d’ailleurs en tête de liste des principales causes d’accidents et de décès chez les enfants, révèle cette étude réalisée à partir des données provinciales de 2002 à 2015 par le Dr Cyr et sa consœur la Dre Gabrielle Spiegle-Morin, elle-même fille d’agriculteurs.

Plus de chances de mourir

L’étude met également en lumière une statistique troublante : les chances de survie des enfants admis dans les unités de soins intensifs des hôpitaux du Québec sont de deux à trois fois moins élevées lorsque la blessure est survenue dans le milieu agricole. Le Dr Cyr explique ce fait par la dangerosité des équipements présents à la ferme. Il était d’ailleurs particulièrement heureux que les conférences sur le sujet se tiennent à ce moment de l’année. « Car l’été, les personnes qui se blessent dans le milieu agricole remplissent malheureusement nos unités de soins intensifs », a-t-il déploré.

En vingt ans de carrière, le Dr Cyr dit avoir vu défiler aux urgences de nombreux enfants blessés et la phrase qu’il a le plus entendue de la part des parents est : « si j’avais su ». « La difficulté pour les parents est d’arriver à créer une frontière plus claire entre la maison et la ferme et à conscientiser les enfants à tous les dangers », a-t-il résumé aux parents, surtout des femmes, qui assistaient à cette conférence organisée par les Agricultrices du Québec.

En suivant à la lettre les recommandations de bases émises par la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail entourant la sécurité des enfants à la ferme, le médecin estime que 67 % des accidents et 82 % des décès pourraient être évités.

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