Régions 19 février 2021

La surprenante histoire d’un retraité bienveillant

SAINTE-ANNE-DES-PLAINES – Impossible de se lancer dans l’agriculture si on n’a pas des parents pour nous céder leur terre? De belles histoires existent pour nous prouver le contraire.

En 2015, Annie Renaud et ses trois enfants louaient depuis 10 ans la maison située sur la terre de Jean-Marie Rivest, à Sainte-Anne-des-Plaines. Ils y voisinaient plusieurs membres de leur famille habitant le même rang.

C’est alors qu’après avoir voyagé à travers 40 pays, le retraité a décidé de revenir chez lui. « Il n’était pas question pour moi que je les mette à la porte. Il fallait trouver une solution », raconte l’homme.

Pour avoir l’autorisation de construire une deuxième maison sur la terre, il fallait déclarer des revenus agricoles. Or, Jean-Marie Rivest, après avoir passé sa vie à élever des porcs et à diriger la meunerie de ses ancêtres, était désormais à la retraite.

Qu’à cela ne tienne. Pour aider sa locataire, il allait se remettre au travail. « La solution qu’on a trouvée, c’est de repartir des élevages, en créant une entreprise qui, à terme, deviendrait la sienne », dit M. Rivest.

Annie Renaud, après des études en administration, avait travaillé cinq ans dans une boucherie. Son expertise, jumelée à celle de l’agriculteur, leur a permis d’établir les bases d’un projet d’élevage à petite échelle assorti d’un comptoir fermier. La Ménagerie ­d’Annie était née.

Depuis cinq ans, agneaux, porcs et poulets sont élevés à la ferme, sans antibiotique ni facteur de croissance. Tout est pensé en fonction du bien-être animal, dit Mme Renaud. « Je m’occupe des animaux jusqu’à l’abattage et je suis même présente lors de la découpe chez notre boucherie partenaire, pour ­veiller à ce que tout soit bien fait. »

Celle qui aime se voir comme une fermière de famille se fait un plaisir d’accueillir les clients dans la petite boutique attenante à la ferme et de les conseiller sur les différentes coupes et la meilleure façon de les cuisiner.

À La Ménagerie d’Annie, tout se fait à la main ou avec le vieux tracteur. Jean-Marie Rivest travaille autant que celle qui prendra sa relève sur la terre qu’il a rachetée de son père. Le travail aux champs, à l’étable et à l’entretien des bâtiments remplissent ses journées.

Même si le fonds de terre et les ­bâtiments demeurent la propriété de Jean-Marie Rivest, l’entreprise, incluant l’élevage, sera transférée cette année au nom d’Annie Renaud. « Je suis consciente d’avoir de la chance. J’ai tellement de gratitude. J’espère pouvoir l’aider autant un jour », dit cette dernière.

Jean-Marie Rivest voit les choses simplement. « Quand on a beaucoup reçu, il faut redonner. » Conscient des difficultés des jeunes qui désirent se partir en agriculture, il souhaite faire sa part. « Aujourd’hui, les terres sont tellement chères qu’on n’a pas assez d’une vie pour rembourser l’achat », déplore-t-il.

Selon l’ancien retraité, le transfert non apparenté peut constituer une solution. « Mais pour que ça marche, il faut réunir certaines conditions financières, un transfert de connaissances, des coups de main gratuits et être conscient que c’est beaucoup d’investissement et de sacrifices financiers », précise-t-il.