Régions 3 janvier 2021

Encans – Les visioconférences sont là pour rester

Imposés pour respecter les consignes sanitaires reliées à la COVID-19, les encans agricoles par visioconférence pourraient bien survivre au virus…

C’est en tout cas la ferme conviction de Luc Breton, des Encans Breton à Inverness. « J’ai l’impression que l’avenir des encans de ferme va être un passage obligé par Internet », estime celui dont la famille est dans le domaine depuis près de 50 ans.

Encans Breton utilisait déjà le Web pour promouvoir ses événements et exposer les produits en vente, mais l’entreprise n’avait pas encore franchi le cap de la vidéo. « On a dû canceller un encan au mois de mars pis on s’est reviré de bord. On a acheté la licence d’une plateforme d’encan en ligne, des caméras, des fils de 300 pieds de long. On a monté un bureau mobile dans une remorque fermée et chauffée avec des bureaux, des ordinateurs pis on est partis sur la route. »

Dès les premiers jours où l’urgence sanitaire a été déclarée au Québec en mars, Luc Breton et  son équipe ont aménagé un studio mobile en vue de tenir des encans par visioconférence.
Dès les premiers jours où l’urgence sanitaire a été déclarée au Québec en mars, Luc Breton et son équipe ont aménagé un studio mobile en vue de tenir des encans par visioconférence.

Le premier encan par visioconférence a eu lieu à Nicolet à la ferme de Léo Rousseau, l’inventeur du Roboléo, le premier robot mobile pour la traite des vaches. « On a vendu pour 100 000 $ de machinerie. Ça appelait de partout. Les gens ont alors bien vu que ça marchait bien », relate l’encanteur qui enchaîne depuis les encans virtuels.

Luc Breton a beau réfléchir, il ne voit aucun aspect négatif à cette petite révolution, sauf peut-être l’accessibilité à Internet haute vitesse ou à un réseau cellulaire dans certains coins de campagne. « L’autre jour, on était à un endroit où il n’y avait aucun signal Internet; juste une barre de réseau cellulaire sur le téléphone. On a pris nos images, nos vidéos puis on a été s’installer dans le stationnement d’une poissonnerie dans le village pour commencer l’encan. »

Des clients enthousiastes

Une majorité des clients partage l’enthousiasme du patron des Encans Breton. « J’aime bien ça. On voit tout passer et on entend super bien, explique Stéphane Richer, un producteur laitier de Saint-Adrien, en Estrie. J’ai acheté ce printemps une écrémeuse en Beauce bien assis dans mon salon, à la chaleur. Tu peux écrire tes questions et elles sont rapportées à l’encanteur. La caméra arrive et va te montrer ce que tu voulais voir. »

La distance est d’ailleurs l’un des points qui militent en faveur du maintien des encans par visioconférence, même lorsque la pandémie sera chose du passé. « Souvent, tu vas à un encan en te donnant une limite de prix, poursuit Stéphane Richer. Ça fait que par visioconférence, si tu ne l’as pas, ce n’est pas grave parce que tu n’as pas perdu de temps sur la route pour rien. »

Marcel Létourneau, un agriculteur de Victoriaville qui suit les encans pour acheter du bétail, abonde dans le même sens, mais soulève aussi les limites du procédé. « Des fois, l’animal a des particularités. Si l’encanteur ne les mentionne pas, tu ne les verras pas comme si tu étais directement à côté de lui. »

Luc Breton, lui, a déjà fait son nid pour la suite des choses. « Nous, on va avoir un modèle hybride. Lorsque les encans traditionnels en personne pourront recommencer, on va conserver la possibilité de les faire en ligne. C’est aussi une question de main-d’œuvre. Si j’ai 350 têtes à mettre dans un ring, ça me prend 12 équipes de deux. En ligne, je peux faire la même job avec deux ou trois gars », conclut-il. 

Bernard Lepage, collaboration spéciale