Actualités 16 novembre 2020

La production horticole en serre divise à la Régie de l’énergie

Lors des audiences du début novembre, plusieurs intervenants ont plaidé que le nouveau tarif d’électricité de 5,59 ¢/kWh annoncé par Québec ne devrait pas être accessible aux producteurs d’horticulture ornementale et aux producteurs de cannabis en serre.

En juillet, le gouvernement Legault et les hauts dirigeants d’Hydro-Québec ont annoncé un tarif d’électricité préférentiel accessible à près de 1 000 producteurs en serre pour l’éclairage de photosynthèse et le chauffage de leurs bâtiments. Si la Régie donnait son aval à la proposition d’Hydro-Québec Distribution dans sa forme actuelle, les très gros producteurs utilisant au-delà de 5 000 kW pourraient eux aussi avoir accès au tarif spécial, mais seulement pour l’éclairage de photosynthèse.

L’Association des hôteliers du Québec, l’Association Restauration Québec et plusieurs autres intervenants ont soutenu qu’il était « surprenant » de voir Hydro-Québec Distribution (le distributeur) inclure les producteurs de cannabis et d’horticulture ornementale dans leur proposition de tarif alors que ces derniers « n’apportent rien à la sécurité alimentaire des Québécois » visée par le gouvernement. Le distributeur a toutefois plaidé que la consommation d’électricité des serres de cannabis pourrait engendrer d’importants revenus pour son organisation dans le futur. Selon ses estimations, elle représentera 41,7 % de la consommation des serres en 2029, soit une augmentation de 400 % par rapport à la consommation actuelle.

Horticulture dans son ensemble

L’Union des producteurs agricoles (UPA) estime pour sa part que le décret gouvernemental intimant la Régie d’étudier la proposition d’Hydro-Québec Distribution vise la production en serre dans son ensemble. « Le gouvernement sait qu’il y a des producteurs de fruits et légumes, d’horticulture ornementale et de cannabis. Alors, il n’a pas souhaité exclure de types de production parce qu’il a voulu aider la filière en entier, comme il l’a déjà fait dans le passé. Et s’il avait vraiment voulu, si le gouvernement avait dit : « Je veux que le tarif soit fait seulement au nom de l’autonomie alimentaire », il aurait tassé des types de production. Ce n’est pas ça qu’il a fait », a expliqué l’avocate de l’organisation, Me Marie-Andrée Hotte.

Elle a également soutenu que la grande majorité des producteurs d’horticulture ornementale cultivent des fines herbes et des plantes potagères qui se retrouvent indirectement dans l’assiette des Québécois. Le témoin David Tougas, coordonnateur à l’économie et au commerce de l’UPA, a admis que la culture de cannabis ne contribuait pas à améliorer l’autonomie alimentaire de la province, mais l’essoufflement observé dans cette industrie laisse entrevoir une possible reconversion des usines en serres de fruits et de légumes. Selon Me Hotte, l’UPA propose que cette catégorie de producteurs puisse être partiellement
exclue du nouveau tarif électrique.

Un tarif pour sept ans?

L’Union des consommateurs a proposé que le tarif soit accessible aux producteurs en serre en fonction de la disponibilité des surplus d’électricité, soit jusqu’en 2027 selon les estimations. Les producteurs horticoles et de cannabis retourneraient au tarif normal dès l’amenuisement des surplus, mais les producteurs maraîchers bénéficieraient d’une augmentation progressive du tarif. Durant l’audience, un producteur maraîcher en serre a indiqué que s’il avait le temps de développer un marché de produits commercialisables l’hiver sur plusieurs années, il pourrait bénéficier d’un retour sur investissement même si le tarif d’électricité revenait progressivement à la normale.