Vie rurale 28 novembre 2020

Dunham unie par la terre

Tisser des liens intergénérationnels dans la collectivité de Brome-Missisquoi autour du thème du jardinage collectif, voilà l’objectif de La Récolte des Générations, résume la coordonnatrice Julie Langlois.

Pour y arriver, l’organisme sans but lucratif tient une serre et un jardin collectif installés derrière la résidence pour personnes âgées de Dunham, en plus d’offrir une programmation culturelle ainsi que plusieurs autres activités pour tous depuis 2014. C’est dans cette lignée que s’inscrit son plus récent projet, Vert ton Dunham, réalisé en collaboration avec le Comité Action environnement Dunham. Depuis cet été, l’initiative a mis à la disposition des citoyens trois bacs nourriciers répartis sur la rue Principale.

En plus d’enjoliver l’artère et d’offrir gratuitement différents légumes en libre-service, les bacs soulignent le travail de trois agricultrices du coin au moyen de trois affiches illustrées par Stéphane Lemardelé, un artiste qui est lui aussi de la région.

3 agricultrices, 3 visions

Les agricultrices ainsi honorées s’impliquent toutes trois auprès de La Récolte des Générations, mais elles incarnent aussi la diversité du métier. « Anne-Sophie a une ferme biologique, mais plus grosse; Michelle, c’est vraiment plus petit et plus diversifié, avec des arbres fruitiers; et moi, c’est plutôt de la transformation des légumes que je fais pousser… Nous sommes trois femmes qui font de l’agriculture différemment, à différentes échelles, chacune à notre sauce », observe Anne Carrier, de la ferme Les jardins en mouvement.

Anne-Sophie Tardif s’est jointe à d’autres mordus d’agriculture pour former la Coopérative de solidarité des Jardins du Pied de céleri. Ils sont ainsi plus nombreux à se partager les lourdes exigences du métier,  ce qui leur permet d’y prendre plus de plaisir.
Anne-Sophie Tardif s’est jointe à d’autres mordus d’agriculture pour former la Coopérative de solidarité des Jardins du Pied de céleri. Ils sont ainsi plus nombreux à se partager les lourdes exigences du métier, ce qui leur permet d’y prendre plus de plaisir.

Pour elle, l’organisme et ses activités enrichissent la région : « Je viens d’une campagne beaucoup plus tranquille. Il n’y avait pas vraiment une communauté, alors je me suis beaucoup emmerdée dans ma jeunesse. Quand je me suis acheté ma ferme, je me suis dit que je voulais faire partie d’acteurs qui dynamisent les lieux, qui créent des liens! »

Amatrice de l’esprit de communauté, Michelle Décary reçoit des stagiaires à sa ferme chaque année afin de leur offrir une immersion dans la production bio-intensive et diversifiée.
Amatrice de l’esprit de communauté, Michelle Décary reçoit des stagiaires à sa ferme chaque année afin de leur offrir une immersion dans la production bio-intensive et diversifiée.

Michelle Décary, du jardin Au petit boisé, a d’ailleurs choisi une production à plus petite échelle pour arriver à marier agriculture et relations humaines : « J’ai déjà travaillé dans une grosse ferme où j’étais épuisée en fin de saison, mais ce n’était pas ce que je voulais créer. Moi, je voulais un mode de vie, pour passer du temps avec mes enfants aussi. »

À partir des légumes qu’elle fait pousser selon la méthode du sol vivant (recourant notamment aux engrais verts et aux périodes de repos), Anne Carrier produit différents aliments fermentés tels que du kimchi,  de la choucroute, des cornichons ou de la sauce piquante fermentée.
À partir des légumes qu’elle fait pousser selon la méthode du sol vivant (recourant notamment aux engrais verts et aux périodes de repos), Anne Carrier produit différents aliments fermentés tels que du kimchi, de la choucroute, des cornichons ou de la sauce piquante fermentée.

Très honorée de figurer parmi les affiches du projet, Anne-Sophie Tardif tient pour sa part à souligner qu’elle n’est qu’une des membres de la Coopérative de solidarité des Jardins du Pied de céleri et que le mérite revient aussi à toute l’équipe. « Je trouve que c’est vraiment une très belle idée d’attirer l’attention sur des personnes qui sont présentes dans la communauté, qui jouent un rôle important, mais qui n’ont pas toujours la reconnaissance qu’elles pourraient avoir », ajoute-t-elle.

Que le début

Même si l’équipe de Vert ton Dunham a été freinée dans ses ambitions à cause de la pandémie, elle compte bien se ­ rattraper l’an prochain. « L’idée était de faire un premier prototype du projet cette année, et d’éventuellement faire d’autres installations si ça plaisait, et c’est le cas, alors on va poursuivre l’an prochain », annonce Julie Langlois.

Les installations resteront à la disposition de la population jusqu’aux premières neiges. Elles seront ensuite remisées pour revenir en force l’année prochaine – dans un parcours bonifié, si les circonstances le permettent, espère la coordonnatrice.

Dominique Wolfshagen, collaboration spéciale