Actualités 28 août 2014

À vos marques, prêts, cueillez!

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La saison des fraises est officiellement amorcée, puisque depuis le vendredi 20 juin, petits et grands peuvent aller cueillir ces délectables fruits dans les champs du sud de la province.

Et la saison a bien commencé : « On a ouvert vendredi et déjà samedi, il y avait plus de 100 voitures dans le stationnement pour l’autocueillette. Notre kiosque est vide », s’exclame la copropriétaire des Fraises Louis Hébert à Saint-Valentin en Montérégie, Dominique Hébert. Tellement de clients, que l’entreprise a dû fermer ses portes dimanche afin de laisser mûrir les fruits dans les champs.

Inventer l’autocueillette

Ce qui explique un tel engouement, c’est que la saison a commencé plus tôt l’année dernière (le 10 juin) et beaucoup de gens ont « raté » les fraises. Soucieux de ne pas les manquer cette année, ils se sont précipités dès l’ouverture des champs. D’ailleurs, les Hébert en sont fiers. C’est le grand-père Louis Hébert, fondateur de l’entreprise, qui aurait inventé le concept de l’autocueillette au Québec. Après avoir mis ses premiers fraisiers en terre en 1955, la météo de l’été 1957 lui a joué un tour : le temps chaud et humide a mené à une surproduction de fraises. Les 25 cueilleurs qu’il engage annuellement ne suffisent pas : la perte des surplus menace. Il décide d’appeler un ami qui travaille à la radio locale CHRS et d’inviter la population à venir cueillir elle-même les fruits dans les champs. L’entreprise Les Fraises Louis Hébert devient alors la pionnière de l’autocueillette et n’a plus jamais modifié sa façon de faire.

Aujourd’hui, elle produit 6 variétés de fraises sur 20 arpents de terre, engage 10 cueilleurs pour la saison, principalement des retraités et des jeunes de la région. Comme M. Marcel, un technicien microbiologiste qui vient donner un coup de main aux Hébert « depuis toujours », explique le fils de Louis et propriétaire de l’entreprise, Robert Hébert. C’est M. Marcel qui fait visiter les champs de fraises à la Terre, un sympathique connaisseur qui a grandi non loin de là et pour qui le travail au champ constitue la bouffée d’air frais que son laboratoire ne lui apporte pas.

Centre d’interprétation de la fraise

L’entreprise semble être l’une des seules au Canada à s’être bâti un centre d’interprétation de la fraise, le genre d’activité qui enchante les maternelles en sortie scolaire et les parents curieux de connaître davantage un fruit que l’on a tendance à tenir pour acquis. Saviez-vous que les fraises que nous cultivons proviennent d’un métissage entre un plan de fraises blanches du Chili et de rouges de Virginie au 18e siècle? Un espion du nom d’Amadée François Frézier, envoyé au Chili par Louis XIV pour évaluer la progression des colonies espagnoles en Amérique, mais aussi adepte de botanique et impressionné par la couleur blanche des fraises chiliennes, décide d’en rapporter quelques plants. À son retour en France en 1713, ceux-ci servent à développer les premières espèces cultivées, les ancêtres des fraises que l’on produit aujourd’hui. Au centre d’interprétation, on enseigne beaucoup de choses, par exemple que le meilleur ami de la fraise est l’abeille, puisqu’elle s’avère essentielle à la pollinisation des plants, et son pire ennemi, le gel.

Offrir au client en tout temps

« Plus une fraise est sucrée, moins elle se conserve », explique Mme Hébert. La fraise est un fruit extrêmement périssable, tout comme les bleuets et les framboises que l’entreprise cultive aussi depuis 1982. Le moyen qu’ont trouvé les Hébert pour offrir des produits à leurs clients à l’année : le congélateur. Quelque 35 000 lb de fruits sont conservées dans un ancien camion de crème glacée afin d’exploiter les produits dérivés des petits fruits, mais également pour en concentrer les sucs et en accentuer le goût. Bien sûr, en saison, les tartes, confitures, gelées, saucisses, etc. sont cuisinées avec des fruits frais. Au fil du temps, et grâce au voisin propriétaire de vignoble, la maison développe une mistelle, Le Valentin, et un vin de fraises et de framboises, Le Louis Hébert, qui se vend dans certaines succursales de la Société des alcools du Québec et, plus récemment, le moût de fraises Bulles d’amour a fait son apparition. L’entreprise Les Fraises Louis Hébert ne passe pas inaperçue dans le paysage culinaire québécois, puisque Ricardo, Sœur Angèle et Jean Soulard sont venus en cuisine y réaliser des merveilles avec des produits bien de chez nous.

Le coup de cœur de la Terre : la Sangria de fraise et de framboise, qui, accompagnée de 7 Up ou de Sprite, rendra les soirées d’été encore un peu plus magiques.