Vie rurale 30 juillet 2020

Un premier cas de PCR chez un apiculteur semi-commercial

Un premier cas du petit coléoptère de la ruche (PCR) a été confirmé le 20 juillet chez un producteur de miel qui n’avait pas acheté de nuclei du lot contaminé, importé sans autorisation de l’Ontario. Des acteurs du milieu jugent la situation inquiétante, car c’est la première fois qu’un insecte est découvert dans une ferme apicole semi-commerciale depuis l’intrusion du parasite au Québec.

« Les premiers cas avaient été détectés chez des apiculteurs amateurs. Là, un cas a été trouvé chez un producteur de miel d’expérience qui a au moins une centaine de ruches. On est passés à un autre stade », commente le 1er vice-président des Apiculteurs et apicultrices du Québec, Raphaël Vacher. 

Le ministère de l’Agriculture détaille, dans un avis aux apiculteurs, qu’un insecte adulte a été trouvé dans un piège posé par un producteur de miel de la MRC Les Chenaux, en Mauricie. En date du 20 juillet, il s’agissait du deuxième cas répertorié dans cette MRC, le premier ayant été détecté dans des ruchettes provenant du lot contaminé. Au total, 13 cas de PCR étaient confirmés dans l’ensemble du Québec, la semaine dernière. Rappelons que des nuclei provenant du lot contaminé ont été distribués à des acheteurs de toutes les régions du Québec.

« C’est sûr que c’est inquiétant. Ce qu’on redoutait est arrivé. Ça va commencer à se propager », craint Raphaël Fort, producteur de miel de Trois-Rivières, dans cette même MRC Les Chenaux. « Moi, si j’en ai, j’arrête. Je ne vais pas me battre, j’arrête! » ajoute celui qui a déboursé 300 $ pour l’achat de pièges. Selon le propriétaire d’une centaine de ruches, tous les nuclei issus du lot importé illégalement auraient dû être brûlés, dès la détection du premier cas de PCR en Montérégie.

Le ministère de l’Agriculture assure de son côté que les mesures de biosécurité et de contrôle requises ont été mises en place pour réduire les risques de propagation du PCR dans la MRC Les Chenaux. Une enquête épidémiologique est par ailleurs en cours afin de déterminer l’origine potentielle de l’infestation.

Pas une épidémie, selon un agronome

Avec 13 cas confirmés, Nicolas Tremblay, agronome et conseiller apicole provincial au Centre de recherche en sciences animales de Deschambault, juge qu’il n’y a pas d’épidémie du petit coléoptère de la ruche au Québec, en ce moment, et pas de réelle infestation. « Ce sont des cas isolés issus des nuclei importés sans autorisation, pour la plupart. Quant au nouveau cas, l’apiculteur concerné vit près de chez un producteur de miel qui avait acheté des nuclei du lot contaminé. On ne peut pas trop s’avancer sur ce qui est arrivé encore, mais il est possible que le PCR ait volé d’une ruche à l’autre », note l’expert, expliquant qu’un insecte adulte peut voler sur 5 ou 6 km, avant de prendre une pause et de recommencer. Rappelons que le PCR au stade larvaire peut causer d’importants dommages, car il creuse des tunnels dans les cadres de miel et de pollen, ce qui provoque l’écoulement du miel. Les ruches peu populeuses en abeilles sont plus à risque d’infestation.