Régions 9 juillet 2020

La troisième ferme laitière de L’Isle-aux-Grues a trouvé preneur

La Fromagerie Île-aux-Grues, le principal moteur économique de cette île de Chaudière-Appalaches, n’a plus à craindre d’éventuels problèmes d’approvisionnement. Un jeune producteur non apparenté de 35 ans, Mathieu Gagnon, s’est porté acquéreur de la ferme laitière qui était à vendre il y a un an, menant ainsi à trois le nombre de fermes fournissant son lait à la fromagerie.

« La moitié de la population active travaille à la fromagerie », expliquait la journaliste de Radio-Canada Rachel Brillant, en entrevue à La Terre en 2018. Son reportage diffusé à La semaine verte à l’époque révélait que la ferme laitière de Patrick Vézina était à vendre depuis qu’un grave accident de travail lui avait fait perdre un bras. On s’inquiétait alors que son quota soit vendu à l’extérieur de l’île de 10 km de long par 4 km de large en plein cœur du fleuve Saint-Laurent. Rappelons que le lait ne peut entrer sur l’île l’hiver lorsque le traversier en provenance de Montmagny est inactif. Il doit donc absolument être produit sur place.

En avril 2019, la Régie des marchés agricoles et agroalimentaires du Québec a autorisé Patrick Vézina à vendre directement son quota à des producteurs de l’île sans passer par le Système centralisé de vente de quota. « On a séparé le quota. Moi, j’ai un 65 kg de MG/jour, explique Mathieu Gagnon. Frédéric Poulain a récupéré la balance [de 34 kg de MG/jour], ainsi que le fonds de terre et les bâtiments de Patrick. […] 65 kg, ça me permet d’en vivre sans avoir à travailler en dehors de l’entreprise. »

Les producteurs de l’île craignent de devoir acheter du foin à l’extérieur cette année si le manque d’eau continue d’affecter les rendements. Photo : Gracieuseté de la Fromagerie Île-aux-Grues
Les producteurs de l’île craignent de devoir acheter du foin à l’extérieur cette année si le manque d’eau continue d’affecter les rendements. Photo : Gracieuseté de la Fromagerie Île-aux-Grues

Démarrage en pleine COVID

En avril dernier, ce jeune producteur a subi les contrecoups de la crise de la COVID-19. « J’ai été obligé de tarir une douzaine de vaches pour ajuster la production. La COVID a resserré les budgets de mon entreprise en démarrage », dit-il. Ses pertes de vente de lait sont estimées à plus de 30 000 $ et le producteur, qui travaille seul à la ferme, n’est pas admissible aux différents programmes d’urgence offerts aux entreprises par Justin Trudeau. D’autant plus qu’il redoute que la sécheresse de cet été l’oblige à acheter du foin « dispendieux » à l’extérieur de l’île l’automne venu. « Ça me prend du foin enrobé. Il n’y a pas de van qui embarque sur le traversier, seulement des 10 roues. Il faut prévoir la logistique entre le vendeur et l’arrivée ici à l’Isle et ça s’ajoute au coût du foin », explique Mathieu Gagnon.

Les fromages de l’ère post-COVID

Pandémie ou non, la Fromagerie Île-aux-Grues a l’obligation de transformer la totalité du lait qui lui est livré par les producteurs locaux, explique son directeur principal, Daniel Leduc. « À la grosseur de la fromagerie, avec le peu de monde qu’on a, [si des gens étaient tombés malades], c’était la fromagerie complète qui n’aurait pu opérer pendant une à deux semaines et ça, on ne pouvait vraiment pas se le permettre », indique ce dernier. La fromagerie a perdu près de 20 % de son chiffre d’affaires avec la fermeture du secteur de l’hôtellerie, des institutions et de la restauration en mars. Maintenant que la situation semble revenir à la normale, Daniel Leduc lance deux nouveaux fromages qui, espère-t-il, marqueront le début de l’ère post-­COVID : le Macpherson de l’Isle et L’Angélique-À-Marc.