Aquaculture 25 juin 2020

Les piscicultures réclament de l’aide pour éviter des mortalités massives

Le secteur de l’aquaculture du Québec compte parmi les victimes collatérales de la COVID-19. Une soixantaine d’entreprises spécialisées dans l’élevage de poissons demande 2 M$ au gouvernement du Québec pour éviter la perte de plus de 260 tonnes d’ombles de fontaine et de truites arc-en-ciel qui risquent de périr de suffocation dans les bassins.

« La reprise tardive des activités de pêche a perturbé la demande de poissons d’ensemencement », a expliqué le président de la Table filière en aquaculture en eau douce du Québec (TFAEDQ), Normand Roy au cours d’une vidéoconférence le 25 juin.

« Puisque la pêche était interdite, les pourvoiries ont diminué ou annulé l’approvisionnement en poissons pour l’ensemencement des lacs, a-t-il dit. Le temps presse. Les poissons sont entassés dans les bassins d’élevage et si on ne les libère pas, c’est certain qu’on va avoir des mortalités massives, donc des pertes importantes pour les entreprises. »

Selon les pisciculteurs, la situation risque même d’affecter la production des entreprises d’élevage pour les prochaines années. « En gardant nos poissons plus longtemps, on risque d’avoir un problème pour introduire les alevins pour notre production des deux prochaines années, a affirmé Pierre East, copropriétaire de la Pisciculture de la Jacques-Cartier à Cap-Santé. Cette entreprise supporte un surplus d’inventaires de presque 40 %.

Pour contrer ce problème, la TFAEDQ, l’Association des aquaculteurs et l’UPA font front commun pour demander à Québec d’injecter 2 M$ dans l’utilisation des surplus des fermes d’élevage pour l’ensemencement des cours d’eau publics de la province. Cette solution permettrait de libérer les bassins d’élevage et favoriserait un plus grand succès de pêche chez les amateurs qui pratiquent leur activité dans ces cours d’eau.

« C’est une autre situation exceptionnelle qui demande des mesures tout aussi exceptionnelles, a expliqué le président de l’Union des producteurs agricoles, Marcel Groleau. Pour le gouvernement, l’investissement requis n’est pas une perte, c’est un investissement dans la société et dans les entreprises d’élevage. »

Les représentants des aquaculteurs soutiennent que les ministères de l’Agriculture et de la Faune ont tous deux déjà approuvé le projet. Il ne manque donc que les fonds pour procéder à l’opération d’ensemencement. « Des cours d’eau publics ont déjà été identifiés, mais on ne peut pas dire lesquels », indique Normand Roy. Il précise que les experts ont choisi des cours d’eau en fonction de leur capacité à accepter l’ajout de poissons sans risque de perturber leur écologie.