Page conseils 18 mai 2020

L’importance d’un modèle expérimental dans la lutte contre l’entérite nécrotique chez les volailles

Selon un récent sondage réalisé par Léger, le poulet est la protéine préférée des Canadiens. Le consommateur étant toujours en quête d’un produit plus naturel, il existe une forte demande pour un poulet élevé sans antibiotique. Un problème de taille dans les élevages sans antibiotique est l’entérite nécrotique (EN), une maladie mortelle causée par la bactérie Clostridium perfringens (C. perfringens).

La bactérie C. perfringens est retrouvée dans l’environnement, mais est aussi naturellement présente dans le tractus intestinal des poulets. Certains individus de cette bactérie, qu’on appelle souches, ont développé ou acquis divers facteurs de virulence et sont donc nommés pathogènes. Ces facteurs de virulence permettent aux souches pathogènes d’éliminer leurs compétiteurs et de se multiplier davantage dans le tractus intestinal de leur hôte. Lorsque ce phénomène se produit, C. perfringens pourrait entraîner l’entérite nécrotique.

Présentement, l’entérite nécrotique est contrôlée par des antibiotiques administrés de façon préventive dans la moulée des poulets. Afin de diminuer l’utilisation d’antibiotiques, les Producteurs de poulet canadiens ont décidé de cesser cette pratique d’ici fin 2020 et plusieurs catégories d’antibiotiques ne seront plus utilisées. Il est donc essentiel de développer de nouveaux moyens pour prévenir l’EN.

La solution idéale serait la confection d’un vaccin efficace. Afin de le mettre au point, la connaissance des mécanismes biologiques utilisés par C. perfringens pour causer l’EN est cruciale. Malheureusement, ils ne sont pas entièrement élucidés. Afin de mieux les comprendre, il est essentiel d’étudier en profondeur les souches pathogènes de la bactérie.

Plusieurs souches possibles

De nos jours, certains considèrent les souches de C. perfringens isolées d’oiseaux atteints d’EN comme étant pathogènes alors que ce n’est pas nécessairement le cas. En effet, plusieurs souches différentes pathogènes ou non pathogènes peuvent se retrouver dans l’intestin.

À l’inverse, d’autres considèrent les souches de C. perfringens isolées d’oiseaux sains comme étant non pathogènes. Puisque l’EN est une maladie survenant à la suite d’autres problèmes, la confirmation de la virulence des souches de C. perfringens représente un obstacle majeur au développement de nouveaux outils efficaces pour le contrôle de l’EN.

En effet, la virulence d’une souche pourrait être masquée par la présence d’antibiotiques ou l’absence de facteurs prédisposants l’EN (diète, stress, coccidiose). Afin de contrer cette problématique, l’utilisation d’un modèle expérimental in vivo simulant les conditions nécessaires au développement de l’EN est vital.

Récemment, un modèle expérimental de boucles intestinales chez le poulet a été développé par la Chaire en recherche avicole de l’Université de Montréal. Grâce à la création de ces boucles réalisées en chirurgie et sous anesthésie, il est maintenant possible de confirmer la virulence des souches de C. perfringens. Dans un futur élevage sans antibiotique, l’utilisation d’un modèle expérimental est cruciale pour la mise au point de nouvelles stratégies de prévention des maladies, dont l’entérite nécrotique. 

Nicolas Deslauriers, étudiant au Ph. D., Faculté de médecine vétérinaire, Université de Montréal
Dre Martine Boulianne, m.v., Ph. D., professeure titulaire, Faculté de médecine vétérinaire, Université de Montréal
Dr Éric Parent, m.v.