Élevage 7 mai 2020

Nouveau souffle pour les encans agricoles sur le Web

Les encanteurs Luc Breton et Daniel Paul-Hus sont persuadés que les encans agricoles ne seront plus les mêmes après la COVID-19. L’interdiction de rassemblement a obligé leur industrie à se tourner vers le Web pour poursuivre ses opérations. Après plus d’un mois de confinement, force est de constater que les producteurs de toute la province sont au rendez-vous et aiment la formule.

Luc Breton a organisé deux encans exclusivement en ligne depuis le début du confinement.
Luc Breton a organisé deux encans exclusivement en ligne depuis le début du confinement.

Hans Habermacher, un producteur laitier de Sainte-Sophie-de-Lévrard dans le Centre-du-Québec, a vendu son troupeau grâce à un encan en ligne le 24 avril. Connectés sur le site Liveauctions.tv, les acheteurs y ont vu Luc Breton décrire les animaux et mousser les mises, en direct de l’étable pendant qu’une caméra filmait les vaches. Avec un gain de près de 155 000 $ pour 99 têtes, Hans Habermacher est très satisfait de son expérience. S’il estime qu’il aurait pu gagner de 30 000 à 40 000 $ supplémentaires, ce n’est pas à cause de la formule Web, mais bien de l’annonce, le jour même, de la réduction des quotas. « Si j’étais encanteur, à l’avenir, je ferais les deux. Faire ­l’encan en personne et en ligne en même temps », dit le producteur, qui a été surpris de voir des ­acheteurs miser d’aussi loin qu’Amqui et Mirabel.

Et c’est exactement ce que les encanteurs comptent faire. « La meilleure façon de faire un encan, c’est ça », confirme Luc Breton. Son premier évènement en ligne, un encan de machineries, le 18 avril, a rapporté près de 1 M$. L’auditoire en ligne avait alors atteint 700 personnes, dont près de 500 acheteurs à travers la province, qui ne se seraient probablement pas déplacés pour un encan traditionnel.

De son côté, Daniel Paul-Hus a organisé 12 encans en ligne depuis le 16 mars. L’homme préparait son passage sur une plateforme en ligne depuis 2015. Il était donc prêt lorsque l’heure du confinement a sonné. Et les résultats ont surpassé ses espérances, puisque les ventes ont parfois dépassé de 20 % la somme attendue. L’homme se rappelle particulièrement d’un encan de 112 têtes durant la fin de semaine de Pâques. « On aurait été heureux la veille de l’encan de penser que nos vaches étaient pour se rendre à 1 500 $ en moyenne. Finalement, on les a vendues à 2 045 $ en moyenne. Imaginez comment le client était content. Il pensait que ses taures valaient 1 400 $ et elles ont atteint 1 933 $ en moyenne », raconte l’encanteur.

Internet pose problème

Les deux encanteurs soulignent toutefois que la disponibilité d’Internet en région pose problème. Pour y remédier, Luc Breton fait installer, quand cela est possible, une antenne permettant d’amplifier le signal Internet de la ferme qui fait appel à ses services.

Daniel Paul-Hus tient quant à lui les encans depuis son bureau de Saint-Hyacinthe. Il invite les propriétaires à organiser des rencontres ­individuelles avec les acheteurs potentiels en amont de la vente, ce qui lui permet, lors de ­l’encan en ligne, de simplement présenter des photos des sujets en vente.