Élevage 23 mai 2020

Les multiples avantages d’analyser son foin

L’examen des fourrages après récolte sert à formuler les rations alimentaires aux animaux. En prime, cette intervention permet de déterminer l’état physique des prairies et d’ajuster nos pratiques de fertilisation. Si l’analyse des récoltes en laboratoire a pour objectif d’équilibrer la ration alimentaire et d’assurer un suivi de nutritionnel du cheptel, elle permet également d’estimer la santé du sol et sa teneur en éléments nutritifs.

La prise d’échantillons s’effectue sur un même type de sol (îlot cultural) ou encore selon les périodes et conditions de récoltes. « Pour l’alimentation animale, conseille Julie Lajeunesse, biologiste en plantes fourragères et petits fruits chez Agriculture et Agroalimentaire Canada, il faut faire l’analyse après l’ensilage ou après le séchage du foin. Ainsi, on caractérise la qualité de l’aliment servi. Si on veut pallier une déficience d’un élément au champ (après observation de symptômes), on prendra des échantillons de plantes directement au champ au moment opportun, selon des protocoles établis. »

L’eau et la matière sèche sont les deux éléments principaux qui composent les fourrages. Dans un échantillon, on retrouve les différents types de protéines, glucides, lipides (gras). De plus, à l’intérieur de la paroi des tiges, la lignine, une biomolécule  présente principalement dans les plantes vasculaires, joue un rôle structural pour la plante et lui donne de la rigidité.

Une analyse chimique informe sur la valeur nutritionnelle d’un fourrage. Elle permet d’équilibrer les rations pour répondre aux besoins du troupeau et plus particulièrement de l’animal. De plus, elle renseigne sur les teneurs des principaux éléments minéraux majeurs (calcium, phosphore, magnésium, potassium, sodium, chlore et soufre) nécessaires aux bestiaux.

On peut classer les foins suivant leur teneur en énergie et protéines. Le foin récolté tardivement est riche en cellulose (lignine) et possède une faible valeur alimentaire tout en ayant un bon rendement au champ. Les récoltes précoces, quant à elles, possèdent une meilleure valeur alimentaire, mais une productivité plus faible.

Les jeunes fourrages sont plus abondants en feuillages et contiennent une grande quantité d’énergie et de protéines dû à la valeur nutritive plus abondante dans les feuilles. Mature, le foin possède une plus forte proportion de tiges tandis que celle des feuilles baisse. Le rendement à l’hectare croît, mais la qualité décroît.

Le P et le K

Le phosphore (P) et le potassium (K) sont deux éléments essentiels à la croissance. Leur carence entraîne des déficits de rendement. Qui plus est, le potassium aide les fourragères à survivre à l’hiver. De plus, si ces deux éléments sont en insuffisance, les réseaux racinaires sont affectés, entraînant du même coup une incapacité à faire face à des étés plus secs.

La teneur en minéraux des plantes est un bon indicateur de la fertilité du sol. On obtient ces données par l’analyse des tissus végétaux réalisée durant la période de croissance, ce qui permet d’apporter des correctifs si nécessaire. De plus, si on refait une analyse à nouveau en fin de saison, on obtient un diagnostic permettant d’ajuster la fertilisation l’année suivante.

Outil additionnel pour gérer la fertilité des sols, l’analyse des fourrages représente un complément à l’analyse de sol. ­Comprendre le lien entre la valeur nutritive d’un fourrage et son rendement est essentiel pour bien gérer prairies et ­pâturages. 

Roger Riendeau, collaboration spéciale