Économie 20 avril 2020

Travailler plus d’heures n’est pas garant de profitabilité

Faut-il travailler plus pour faire plus de profits? Voilà la question complexe à laquelle s’est attaquée le Centre d’études sur les coûts de production en agriculture (CECPA), qui invite les entrepreneurs agricoles de plusieurs productions animales et végétales à réfléchir sur le temps consacré à leur exploitation.

Julie Plamondon
Julie Plamondon

L’étude, intitulée Ça vaut le coût d’y réfléchir, recense le nombre d’heures travaillées par unité de production (ex : par bête ou par hectare) entre le groupe de tête et la moyenne. Cet exercice de compilation de données a non seulement permis d’observer un écart des marges de profit, mais aussi que « l’augmentation des heures de travail au-delà d’un certain seuil ne permet pas une amélioration des performances et de la rentabilité ».

Dans plusieurs cas, les entreprises plus rentables (groupe de tête) ont consacré presqu’autant de temps par unité de production que celles dans la moyenne.

La valeur du temps sous-estimée

Selon l’analyste Julie Plamondon, qui a travaillé sur l’étude du CECPA, le sujet est particulièrement pertinent pour la relève dans un contexte où la valeur du temps est souvent sous-estimée dans le domaine agricole. « On a déjà entendu des étudiants dire que ce n’est pas grave s’ils n’arrivent pas à se payer durant les premières années de leur projet », constate-t-elle.

Or, les chiffres de l’étude démontrent que les entreprises du groupe de tête investissent en moyenne la même quantité d’heures, mais génèrent une marge plus importante par heure investie. C’est notamment le cas des éleveurs porcins du groupe de tête, qui réussissent à dégager un profit de 10 $ de l’heure de plus que la moyenne. Les producteurs de maïs et de soya les plus performants, quant à eux, ont fait plus de 20 $ de l’heure de plus que leurs homologues dans la moyenne (voir le tableau).

Cela dit, plusieurs facteurs dont le contexte économique, la taille de l’entreprise, la disponibilité des ressources humaines ou encore l’état des équipements influencent le temps travaillé et les écarts de marge de profit entre les producteurs du groupe de tête et ceux de la moyenne.

Mais comment parvenir à travailler moins tout en étant plus rentable? Il n’existe pas une recette magique, prévient Mme Plamondon. Cette dernière incite donc les entrepreneurs à évaluer leurs options et aussi, à recourir sans hésitation au service des conseillers en gestion.

Pour consulter l’étude complète: cecpa.qc.ca