Alimentation 22 avril 2020

Autre coup dur pour le secteur du dindon

Déjà ébranlée par la baisse des ventes de dindes entières, délaissées par les familles lors des fêtes traditionnelles, l’industrie du dindon subit une nouvelle épreuve avec la crise de la COVID-19. 

Le Conseil canadien des transformateurs d’œufs et de volailles projette une baisse de production à l’échelle du pays. Et cette diminution risque d’être particulièrement « marquée », prévient l’un de ses gestionnaires, Nicolas Paillat. La production autorisée (l’allocation), qui était d’environ 145 millions de kilos de mai 2019 à avril 2020 pourrait chuter à moins de 135 millions de kilos au Canada pour la prochaine année. « On ne sait pas encore comment [le marché] va se présenter, mais on est très craintifs par rapport à cette situation [de la COVID-19] », affirme M. Paillat. Cette inquiétude est également partagée par le Comité des éleveurs de dindons du Québec.

Et si les charcuteries, tels que la poitrine de dinde tranchée, font habituellement partie des produits les plus populaires, une baisse des ventes est également anticipée, notamment avec la fermeture des comptoirs de charcuteries dans les épiceries et des salles à manger des restaurants offrant des sandwichs. Ces endroits représentent d’« énormes » volumes de vente, souligne Nicolas Paillat. 

Impact sur le poulet

Le Conseil canadien des transformateurs d’œufs et de volailles redoute également que la hausse du taux de chômage au Canada ait un impact sur la consommation de certaines coupes de volailles, comme la poitrine désossée. « Est-ce que les gens vont continuer d’acheter ça ou se réorienter vers des produits moins dispendieux comme les cuisses? se questionne M. Paillat. Je pense que personne ne sait actuellement ce que les gens seront en mesure d’acheter. » Celui-ci mentionne que plusieurs transformateurs à travers le pays sont en discussion pour ajuster les volumes de production en fonction de la demande.

De plus, des enjeux de main d’œuvre guettent les usines d’abattage avec la propagation de la COVID-19. Du côté des Éleveurs de volailles du Québec (EVQ), il a été décidé de couper de 15 % les entrées de poussins afin de libérer des places d’abattage.
« Cette façon de faire permettra d’écouler les poulets qui n’auront pu être abattus dans les usines lors de la période [de la mi-mars au début mai] afin d’éviter que les éleveurs aient à euthanasier leurs poulets », précise-t-on dans l’infolettre envoyée aux ­producteurs.