Actualités 23 avril 2020

Visite du premier entrepôt expérimental québécois

Sur le rang Petit 2 de la municipalité de Sainte-Croix, près de l’autoroute 20 et de la ville de Québec, se cache un entrepôt peu banal : il s’agit du premier bâtiment expérimental de la province qui se consacre entièrement à l’entreposage, à la conservation et à la qualité des stocks de pommes de terre.

C’est avec enthousiasme que deux membres de l’équipe de recherche d’Agrinova ont ouvert leurs portes à La Terre pour une visite de l’entrepôt, en activité depuis à peine un an et demi.

Bien qu’elles soient actuellement ventilées par le mur, les chambres ont aussi été construites avec un système de ventilation par le plancher qui sera testé ultérieurement.
Bien qu’elles soient actuellement ventilées par le mur, les chambres ont aussi été construites avec un système de ventilation par le plancher qui sera testé ultérieurement.

D’emblée, le technicien Alexandre Boilard et l’agronome chargée de projet en recherche et innovation Sophie Massie expliquent que la mise en place des infrastructures ainsi que le développement des différents projets sollicitent continuellement leur sens de la débrouillardise.

« On s’est cassé la tête et on a beaucoup taponné après les boîtes pour arriver à tester plusieurs variétés en même temps avec plusieurs conditions », relate Alexandre Boilard. L’équipe est finalement parvenue à créer des « mini espaces de vrac » dans les boîtes, renchérit sa collègue, ce qui a permis de récolter une plus grande quantité de résultats pour le premier volet de recherche, qui vise notamment l’optimisation des conditions pour le préconditionnement et l’entreposage des pommes de terre de semence.

D’un seul coup, l’équipe a ainsi pu tester quatre protocoles de conditions d’entreposage sur sept variétés de pommes de terre, chacune récoltée à deux niveaux de maturité.

Au cœur de chaque division se trouve un échantillon représentatif de ce lot de pommes de terre (sacs orange avec cordon noir) qui sert à suivre l’évolution des tubercules. Des sondes sont également insérées au travers de l’installation pour surveiller étroitement les conditions d’entreposage.
Au cœur de chaque division se trouve un échantillon représentatif de ce lot de pommes de terre (sacs orange avec cordon noir) qui sert à suivre l’évolution des tubercules. Des sondes sont également insérées au travers de l’installation pour surveiller étroitement les conditions d’entreposage.

Le but : tenter de déterminer les conditions optimales pour chaque groupe de tubercules. « La littérature déborde d’informations, mais il n’y a quand même pas de recette magique, parce que ça dépend de tellement de facteurs d’une variété à l’autre! » soutient Mme Massie.

Elle souligne en outre la pertinence de valider les résultats obtenus en Europe et aux États-Unis, où les conditions environnementales ne sont pas les mêmes qu’au Québec.

La multitude d’échantillons étudiés permet aussi d’explorer les conditions extrêmes afin de déterminer les limites, ce que les producteurs ne pourraient pas expérimenter sans risquer de lourdes pertes.

« Notre défi, c’est de nous mettre au goût du jour, mais sans trop nous écarter de la réalité des producteurs, parce qu’il y a autant de façons d’entreposer qu’il y a d’entrepôts. On veut que les producteurs puissent prendre nos résultats en considération pour s’adapter », explique Mme Massie.

Le transfert d’informations ne serait toutefois pas à sens unique, précise M. Boilard : « Les producteurs arrivent avec leurs problématiques et nous donnent du feedback, et on est capables de s’ajuster par rapport à ça. Ils nous donnent aussi des pistes de recherche ou de choses à ne pas faire, selon leur expérience. »

De son ordinateur, Sophie Massie est en mesure d’ajuster les différents paramètres de chaque chambre, au besoin. « L’interface n’est pas la plus belle, mais elle fait bien la job! » précise la chargée de projet en rigolant.
De son ordinateur, Sophie Massie est en mesure d’ajuster les différents paramètres de chaque chambre, au besoin. « L’interface n’est pas la plus belle, mais elle fait bien la job! » précise la chargée de projet en rigolant.

Autres projets en cours

Dans les prochaines années, en plus de continuer les travaux sur les tubercules de semence, l’équipe explorera les conditions idéales pour la pomme de terre de table. Elle se penchera également sur les pratiques en champ qui favorisent la réussite de l’entreposage ainsi que sur les inhibiteurs de germination. L’étude de ce dernier volet est d’ailleurs déjà amorcée parallèlement aux tests d’entreposage, dans une autre section de l’entrepôt expérimental. L’équipe y évalue les propriétés antimicrobiennes et antigerminatives d’un extrait d’épinette noire, un projet mené en collaboration avec l’Université du Québec à Trois-Rivières.

En plus de Mme Massie et de M. Boilard, l’équipe de recherche d’Agrinova de l’entrepôt de Sainte-Croix inclut le professionnel de recherche Jorge Monerris ainsi qu’André Gagnon, chargé de projet.

Les différents partenaires financiers, industriels et de recherche impliqués sont le Conseil de recherches en sciences naturelles et en génie du Canada, la Fondation canadienne pour l’innovation, le ministère de l’Économie et de l’Innovation, Agrinova, l’Institut de recherche et de développement en agroenvironnement, McCain, Québec Parmentier et Emballage St-Ambroise. Un total de 4,8 M$ a été investi.

Plus de détails concernant l’entrepôt expérimental ainsi que les résultats d’autres projets de recherche concernant la pomme de terre sont disponibles au www.agrinova.qc.ca/services/pommes-de-terre/. 

Même si les conditions de l’entrepôt sont surveillées par le système automatisé, Alexandre Boilard fait le tour des installations plusieurs fois par semaine pour s’assurer qu’il n’y a aucune fuite ni aucun problème technique.
Même si les conditions de l’entrepôt sont surveillées par le système automatisé, Alexandre Boilard fait le tour des installations plusieurs fois par semaine pour s’assurer qu’il n’y a aucune fuite ni aucun problème technique.