Alimentation 19 septembre 2014

La Laiterie Charlevoix passe en mode écolo

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Tel que publié dans La Terre de chez nous

Connaissez-vous le robuste Hercule de Charlevoix? le goûteux 1608 fait à base de lait de vache canadienne? le délicat Fleurmier ?

Quelle que soit la réponse, ces fromages, qui font la fierté de la laiterie Charlevoix, sont au nombre des favoris des amateurs de pâtes bien faites. tant et si bien que l’entreprise familiale doit apprendre à composer avec le succès et les défis qu’il impose. Parmi ceux-ci, comment gérer les résidus organiques de production, tout en améliorant le bilan énergétique de l’entreprise? en innovant, bien sûr!
D’ici quelques semaines, un nouveau bâtiment entrera pleinement en fonction à la laiterie. Celui-ci se fond déjà avantageusement dans le décor. Sa vaste verrière intrigue, certes, mais son revêtement se mariant à celui des autres infrastructures et son annexe déguisée en silo à grains sont tout sauf choquants! Bien malin celui qui pourrait affirmer que le silo abrite un méthaniseur ultramoderne permettant de produire des biogaz en transformant le lactosérum en énergie?

La serre est vouée à la phytoépuration des eaux usées industrielles. Bientôt, les plantes y pousseront à foison et purifieront l’eau à forte teneur en azote, nitrates et autres phosphores issus du processus de méthanisation. après ce cycle naturel, l’eau pourra être réexpédiée sans danger à la rivière la Marre qui coule à un jet de pierre de l’usine. les plantes arrivées à maturité seront retournées aux champs où paissent les vaches qui fournissent la matière première de la laiterie, une « boucle fermée » qui intéresse vivement les universitaires qui étudieront le processus.

C’est depuis 2006 que les labbé jonglent avec l’idée de produire du biogaz, un projet avant-gardiste qui combine les technologies de méthanisation et de phyto épuration. «la phytoépuration est une pratique de plus en plus populaire aux États-unis, tandis que les biogaz sont plutôt l’apanage de l’europe. Combiner les deux, c’est novateur. en fait, il n’y a pas de précédent et il a fallu prouver au ministère de l’environnement la valeur du projet », explique Jean labbé. l’obtention des permis aura nécessité plus d’un an de pourparlers.
Bruno labbé est particulièrement fier de voir ce projet arriver à terme : « la laiterie transforme deux millions de litres de lait annuellement, ce qui implique des résidus de 1 800 000 litres de lactosérum. Depuis des décennies, le petit lait est écoulé dans une porcherie, ce qui implique le transport quotidien de 5000 à 7000 litres en camion et une dépendance envers une industrie fragilisée. On a compris qu’il fallait faire les choses autrement. »
en traitant le lactosérum directement sur place et en le transformant en énergie, la laiterie économisera annuellement jusqu’à 70 000 litres de mazout. «Puisque le méthane servira à chauffer de l’eau, nous réorganiserons nos systèmes de chauffage. nous couperons notre consommation d’eau en deux, ce qui représente une diminution de 7000 à 8000 litres par jour et une baisse équivalente de la pression sur le système d’aqueduc de BaieSaint-Paul », résume Jean labbé.
À terme, la laiterie sera complètement autonome énergétiquement et cette bonne nouvelle, les labbé ont envie de la partager. «les gens vont pouvoir déambuler dans la serre; ce sera accessible à tous et on leur donnera des explications sur les procédés utilisés. Pour nous, le volet agrotouristique est vraiment important. Oui, on vous montre comment on traite nos égouts, mais en faisant de cette expérience une découverte enrichissante et agréable », conclut Bruno labbé.