Actualités 23 février 2018

Monique des villes et Monique des bois

LA MINERVE — Pour l’auteure Monique Proulx, impossible de passer 12 mois par année en ville. « La campagne, c’est se retrouver soi-même, dans sa vérité, ses choses essentielles. Pour moi, c’est le bonheur! »

L’amour de la campagne de la romancière, nouvelliste et scénariste remonte à sa petite enfance. « La campagne fait partie de ma vie depuis toujours, parce que ma mère louait un chalet et nous y amenait l’été. Pour moi, c’était le contact avec le paradis, un terrain de jeux incroyable. J’ai conservé ce regard d’enfant », confie l’auteure des romans Ce qu’il reste de moi et Le sexe des étoiles. Ce dernier a été porté à l’écran par la réalisatrice Paule Baillargeon et mis en nomination aux Oscars ainsi qu’aux Golden Globe Awards.

Monique Proulx voue une tendresse particulière aux Laurentides, d’abord dans la région de Québec, puis maintenant au nord de Montréal.

Cette mycologue avertie adore s’enfoncer dans la brousse laurentienne ou se ressourcer en kayak sur des lacs désertés de toute embarcation à moteur. « Ce n’est pas seulement sauvage; c’est pur, intouché. C’est pour moi un lieu absolument essentiel, explique-t-elle. Je pourrais me passer d’un appartement en ville, mais pas d’un coin dans la forêt, près de l’eau. C’est devenu comme une sorte de symbole de vie, de gage de bonheur, de ressourcement total. »

La romancière vit plusieurs mois par année en forêt. De la mi-juin, quand les mouches noires deviennent moins voraces, jusqu’à la mi-octobre, alors que la nature entre en dormance. Elle y retourne également en janvier et en février. Cette grande observatrice s’y laisse imprégner de tout ce qui l’entoure : les chevreuils qui boivent sur le bord du lac, les porcs-épics qui se chamaillent et les bruants à gorge blanche qui chantent.

Pour Monique Proulx, ce mode de vie est extrêmement collé à sa vie d’écrivaine. « C’est un lieu où il y a un silence sacré, d’où peut surgir la vraie parole, l’écriture. » La romancière a d’ailleurs consacré un livre entier, Champagne, à la nature.

Lorsqu’elle rentre en ville, cette quasi-ermite doit réapprivoiser la fébrilité citadine et « apprendre à parler pour ne rien dire, dans les mondanités », plaisante-t-elle. « En ville, on est dans notre tête. À la campagne, dans la nature, c’est juste du bonheur. C’est là que tu te rends compte à quel point la vie est généreuse. » 

Le chalet de Monique Proulx s’accroche au pied d’une falaise. Crédit photo : Gracieuseté de Monique Proulx
Le chalet de Monique Proulx s’accroche au pied d’une falaise.

Crédit photo : Gracieuseté de Monique Proulx