Actualités 25 février 2018

Présence des ravageurs au Québec en 2017

En 2017, plusieurs ravageurs ont sévi dans les champs de grandes cultures du Québec. Les conditions froides et humides au printemps ont ralenti la levée des cultures, les rendant plus vulnérables aux attaques d’insectes, tels que les limaces et les vers-gris noirs. Les pluies printanières ont également augmenté les risques de voir les champs atteints par des maladies fongiques.

Les papillons Belle-Dame, qui ont fait les manchettes des médias, ont causé des maux de tête à bien des producteurs de soya, dont les champs ont été envahis par ces insectes au stade larvaire. De plus, des infestations de chenilles de la légionnaire uniponctuée et du ver-gris occidental des haricots ont également été rapportées au Réseau d’avertissements phytosanitaires (RAP) et à La Financière agricole du Québec (FADQ). Pour la première fois chez nous, une mauvaise herbe résistant à l’herbicide glyphosate a été détectée au Centre-du-Québec. De plus, notons la présence d’une nouvelle mauvaise herbe sur le territoire, l’amarante rugueuse, qui représente une menace certaine pour les grandes cultures, car elle est considérée en Ontario et aux États-Unis comme l’une des pires mauvaises herbes, étant généralement résistante à un ou plusieurs herbicides.

Dans le cadre du RAP Grandes cultures, trois espèces de papillons ont été capturées à l’aide de pièges à phéromones l’été dernier : le ver-gris noir, la légionnaire uniponctuée et le ver-gris occidental des haricots. Dans le cas du ver-gris noir, les captures ont été moyennes par rapport aux années antérieures, mais les semis tardifs de maïs augmentaient les risques que la culture ne soit pas assez développée pour contrer les attaques des larves. Malgré de faibles captures de légionnaires uniponctuées, leur présence a été rapportée au RAP et à la Financière dans plusieurs champs de prairies, de céréales et de maïs. Quant au ver-gris occidental des haricots, dont les premiers dommages économiques ont été observés au Québec en 2016 en Montérégie-Ouest, plusieurs champs de maïs ont subi des dommages des larves de ce papillon en 2017, particulièrement dans cette région. À travers la province, ce sont les captures d’adultes qui ont été les plus élevées depuis que le RAP suit ce ravageur.

Dans la culture du canola, la cécidomyie du chou-fleur continue d’être une préoccupation, mais plusieurs champs où l’insecte a été piégé par le RAP en grande quantité ont su récupérer grâce à l’étonnant pouvoir de compensation du canola. En ce qui concerne les autres insectes pouvant affecter le canola, la situation en 2017 a été similaire à celle de 2016; la pression de la part des altises a été plutôt faible et, malgré le nombre parfois élevé de méligèthes des crucifères et de charançons de la silique qui a été obtenu lors de dépistages dans le Bas-Saint-Laurent, les captures se sont avérées tout de même inférieures au seuil d’intervention.

Le nombre d’avis de dommages déposés auprès de la FADQ en 2017 pour des champs de grandes cultures affectés par des maladies s’élève à 58. Voici ceux dans lesquels les maladies ayant causé des dommages ont été identifiées : 16 champs, en majorité en Montérégie, attaqués par la pourriture à sclérotes dans le soya, 10 champs touchés par la fusariose de l’épi, 9 cas de charbon (dans le maïs et l’orge) et 1 cas d’ergot dans du blé. À titre comparatif, en 2016, ce sont 39 avis de dommages par les maladies qui ont été quantifiés par la Financière.

La résistance des mauvaises herbes aux herbicides est une réalité avec laquelle les producteurs doivent composer depuis quelques années et la récente nouvelle entourant deux espèces de mauvaises herbes risque de leur compliquer la tâche. Un premier cas d’une -mauvaise herbe résistant au glyphosate sur le territoire québécois a été détecté dans la région du Centre-du-Québec. Il s’agit de plantes appartenant à l’espèce de la moutarde des oiseaux, qui ont acquis leur résistance par un transfert de gènes avec du canola génétiquement modifié. Une autre première, celle de la découverte de plants de l’amarante rugueuse dans un champ en Montérégie-Ouest, invite les producteurs à la vigilance. Déjà présente en Ontario où il y a des populations résistant au glyphosate et aux herbicides des groupes 2 et 5, cette mauvaise herbe, en raison de sa biologie, tend à obtenir plutôt facilement des gènes de résistance par le transfert de pollen. En 2017, afin d’aider les producteurs et leurs conseillers à faire des choix éclairés pour une saine gestion des mauvaises herbes, un comité d’experts du RAP Grandes cultures a été mis en place, ce qui a permis la publication de plusieurs communiqués sur le sujet.

Isabelle Fréchette, coordonnatrice du Réseau d’avertissements phytosanitaires Grandes cultures, CÉROM

Cet article a été publié dans l’édition de janvier 2018 du magazine Grains.