Forêts 26 janvier 2018

L’érablière Gaudreau perd la garde de son sirop

Nathalie Bombardier et Daniel Gaudreau, des producteurs acéricoles de Scottstown en Estrie, ont perdu la garde de leur sirop d’érable. Dans un nouvel épisode d’une longue saga judiciaire, un huissier s’est rendu jeudi dernier à l’érablière Gaudreau afin de faire transporter leurs barils à l’entrepôt de la Fédération des producteurs acéricoles à Laurierville.

En vertu d’une entente conclue en 2015, le couple de producteurs acéricoles a été nommé gardien de son propre sirop d’érable. Il était alors visé par une procédure judiciaire lui ordonnant de respecter les règles de mise en marché collective. Une récente visite d’un huissier a permis de constater un inventaire « chaotique » de barils à l’érablière, selon Simon Trépanier, directeur général de la Fédération.  

« Depuis les dernières semaines, de nouveaux barils se sont ajoutés alors que les sucres ne sont pas encore commencés », a-t-il déclaré en entrevue téléphonique. 

Jointe par La Terre, Nathalie Bombardier considère pour sa part qu’il s’agit « encore une fois d’un abus de procédures ». Elle estime que la Fédération tente de leur « faire mal », ne pouvant qu’assister impuissante au départ de ses barils de sirop sous l’œil de la Sûreté du Québec.

« C’est outrageux, ce qui se passe ici », a-t-elle déclaré, précisant qu’elle entend utiliser tous les moyens judiciaires à sa disposition pour contester ces décisions. Elle réclame aussi des changements, pressant le gouvernement d’apporter des modifications à la mise en marché.

« Les autres viennent ici vendre leurs produits, a-t-elle ajouté, et moi, je ne peux pas. Au Nouveau-Brunswick, je pourrais vendre mes produits librement. » 

Accès

Le couple Bombardier-Gaudreau a toujours accès à ses barils de sirop maintenant entreposés à Laurierville. Il peut ainsi vendre son sirop d’érable sous contingentement par le biais d’un intermédiaire ou à l’un des 60 acheteurs autorisés. Sa production hors contingent peut quant à elle être écoulée directement auprès des consommateurs ou à un acheteur autorisé selon le prix de la convention.

Les propriétaires de l’érablière Gaudreau n’ont pas profité de l’ajout de cinq millions d’entailles supplémentaires en 2016 pour augmenter leur contingent dans le volet agrandissement. Simon Trépanier fait valoir que la Fédération « a toujours tendu la main » aux producteurs désireux de régulariser leur situation.

Rappelons enfin qu’en octobre dernier, la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec a ordonné à Nathalie Bombardier et Daniel Gaudreau de payer la somme de 321 000 $ à la Fédération pour avoir enfreint les règles de la mise en marché collective. Le tribunal a constaté qu’entre 2010 et 2014, ces acériculteurs ont produit et mis en marché plus de 280 000 livres de sirop sans détenir de contingent et en omettant de payer leurs contributions à la Fédération. Le couple a fait appel de cette décision.