À coeur ouvert 24 janvier 2018

J’aime mon voisin!

Vous avez sans doute déjà entendu la chanson Mon voisin, du groupe Les Frères à ch’val. Certains se sont même amusés à en changer les paroles pour ajouter une touche d’humour aux chicanes de voisins : « J’aime mon voisin, c’t’un mausus de sans-dessein. »

Pour parler plus sérieusement, des conflits entre voisins, ce n’est jamais drôle. Ça peut même considérablement nuire à notre bien-être. Une agricultrice nous a raconté qu’elle avait toujours eu le souci d’entretenir de bonnes relations avec son voisinage. Elle voyait cela comme un investissement dans sa qualité de vie. « Si ton voisin est bien, tu as plus de chances de l’être aussi. »

coeur_ouvertCependant, ce n’est pas toujours facile de contenter son voisin. Nous avons tous entendu parler de conflits relatifs aux odeurs et aux bruits en raison de la proximité entre agriculteurs et voisins non agriculteurs. On a particulièrement constaté que les relations avec les gens des alentours pouvaient poser problème lorsque des tensions étaient apparues entre producteurs et nouveaux résidents ruraux.

Ce qui ne dérangeait pas les voisins d’autrefois peut cependant nuire à la qualité de vie de ceux d’aujourd’hui. À ce propos, depuis plusieurs années, en raison de la mise en place de normes environnementales, plusieurs lois ou règlements ont été implantés, dont des programmes de fertilisation, mais qui sont peu connus de la population.

Un guide du bon voisinage

C’est d’ailleurs en partant du principe « mieux comprendre pour mieux accepter » que l’organisme Au cœur des familles agricoles a conçu le Guide du bon voisinage. Celui-ci a pour objectif de « favoriser une cohabitation harmonieuse entre les nouveaux arrivants et la communauté rurale agricole ». On y explique entre autres les inconvénients « normaux » inhérents à la vie en milieu agricole.

Par contre, les conflits avec les gens vivant à proximité ne proviennent pas toujours de citadins qui ont le nez trop fin ou qui sont bourrés de préjugés. Sous prétexte de pouvoir faire ce qu’ils veulent parce qu’ils sont chez eux, certains agriculteurs oublient les règles élémentaires de savoir-vivre. Par exemple, si l’on est établi près d’habitations et que l’on épand « toujours » du fumier  le samedi par temps de canicule, il se pourrait qu’on ne se fasse pas d’amis chez nos voisins.

Les chicanes de voisinage ne se limitent pas qu’à l’épandage, loin de là. Il y a également les conflits générés par ceux à qui l’on donne un pouce et qui prennent un pied : du bois coupé sur notre terrain sans notre autorisation, des clôtures déplacées sans nous aviser, etc. Des litiges impliquant des pertes de terrain peuvent aussi créer de sérieux problèmes de stress et nous faire passer des nuits blanches.

Un agriculteur nous a raconté que son voisin s’était approprié une parcelle de sa terre et lui avait dit que ce n’était pas grave « parce qu’il avait en masse de terre ». Jusqu’où ira cette personne si on la laisse faire? Jusqu’où est-on prêt à aller pour faire respecter ses droits? Et à quel prix?

Outre l’aspect financier, il y a un coût relié à la santé physique et psychologique. Certains producteurs se rendent littéralement malades. Si le voisin n’est pas « parlable », il y a peu d’options : soit on prend un avocat pour faire valoir nos droits, soit on laisse tomber. On ne doit pas hésiter à se faire accompagner par diverses ressources de façon à prendre une décision éclairée, en ayant bien dressé la liste des pour et des contre. Parfois, il faut se battre; parfois, il vaut mieux lâcher prise que d’y laisser sa santé et son argent.