Actualités 1 novembre 2017

On déplore la mauvaise couverture des risques climatiques

SAINT-FÉLICIEN — Les producteurs du Saguenay–Lac-Saint-Jean ont goûté aux caprices de dame Nature cet été. En effet, celle-ci leur a fait subir des inondations, de la sécheresse, de la grêle et des tornades.

Plusieurs devront assumer les frais liés aux pertes de production puisqu’ils ne sont pas couverts adéquatement par les programmes de La Financière agricole du Québec (FADQ). Les producteurs déplorent que ces derniers soient mal adaptés aux événements climatiques catastrophiques.

« Il y a une organisation qui nous touche de très près et qui ne s’est pas adaptée, et c’est la FADQ », a lancé Sylvain Boily, au micro, lors de l’assemblée générale annuelle de la Fédération de l’UPA du Saguenay–Lac-Saint-Jean, le 19 octobre. Le producteur laitier a subi des pertes de 200 000 $ après un épisode de grêle, mais il sait qu’il ne pourra récupérer entièrement cette somme. « Il y a des agriculteurs qui en ont ras le bol et qui ont délaissé complètement l’assurance récolte parce que ça ne marche pas », a-t-il lancé.

Une conclusion que partage le 1er vice-président de l’Union des producteurs agricoles (UPA), Pierre Lemieux, pour qui la FADQ couvre en effet très mal les risques circonscrits. « On appuie la Fédération dans sa démarche et en ce qui concerne les pressions qu’elle exerce dans ce dossier-là. Si celui-ci est bien porté et défendu, on va être capables de faire débloquer des fonds plus rapidement pour les risques circonscrits comme la grêle. Je vous invite à dénoncer la situation personnellement aux intervenants de la Financière, car il n’y a rien de pire pour eux que de répondre à des lettres de producteurs qui dénoncent leurs programmes, parce qu’ils doivent par la suite se justifier auprès du gouvernement », a-t-il mentionné. Non seulement les pertes ne sont pas complètement couvertes par la FADQ, mais il n’y a pas moyen de faire reconnaître les pertes de qualité, a ajouté M. Boily.

Afin d’appuyer les revendications à partir de données fiables, la Fédération a mandaté le Groupe multiconseil agricole du Saguenay–Lac-Saint-Jean d’évaluer les pertes non couvertes par les programmes actuels de gestion des risques. Dans la résolution adoptée lors du congrès annuel, les membres ont entre autres demandé à la Financière d’assurer la couverture des conséquences relatives aux événements catastrophiques, de réévaluer ses programmes et de ne pas tenir compte des années désastreuses dans l’historique du rendement d’une ferme.

Freiner l’accaparement des terres

La Fédération évalue que sur les 4 000 hectares de terres détenues par la société Pangea, 2 000 hectares se trouvent au Saguenay–Lac-Saint-Jean. Inquiets de cette situation, les producteurs souhaitent mettre des balises plus serrées pour les investisseurs. L’assemblée est donc revenue avec la proposition de l’UPA faite en 2015 à l’effet de limiter l’acquisition de terres à 100 hectares par année, sauf pour permettre les transferts intergénérationnels et soutenir davantage les agriculteurs de la relève afin qu’ils deviennent propriétaires.

Lors de sa dernière allocution en tant que vice-président de l’UPA, Pierre Lemieux était outré de voir que des institutions qui devraient aider toutes les entreprises du Québec investissaient dans Pangea. « Cette année, la goutte qui a fait déborder le vase, c’est quand le Fonds de solidarité FTQ et la Caisse de dépôt et placement du Québec ont investi 10 M$ chacun dans Pangea, a-t-il dit. Comment voulez-vous qu’une entreprise, une petite PME comme la vôtre, soit capable de compétitionner avec ces géants du monde financier? » Le président de la Fédération, Mario Théberge, a ajouté que c’était dans la région qu’avait commencé la saga de l’accaparement des terres et que la situation demeurait très préoccupante.