Actualités 13 novembre 2017

Transformer un bloc de glace en spa

Le fabricant de systèmes de chauffage Sequoia a pris le pari de la biomasse comme source d’énergie renouvelable. Et de l’énergie, ses chaudières en ont à revendre. Assez pour transformer une piscine recouverte de glace en spa!

En mars 2017, René Couture, président de Sequoia Industries, propose à un voisin intéressé par la technologie de son entreprise de faire un essai dans sa cour. La cible : une piscine recouverte d’« au moins 30 pouces de glace ».

L’homme installe une série de boyaux autour de la piscine, puis alimente en bois une grande chaudière, commercialisée sous le nom de Blue Sky. Vingt-trois heures plus tard, il n’y avait plus aucune trace de glace. « On avait même élevé la température au niveau de celle d’un spa », ajoute-t-il.

L’anecdote fait sourire, mais démontre tout de même comment l’unité de chauffage de Sequoia fonctionne. À l’intérieur d’une chaudière brûle du bois. L’énergie qui se dégage de cette combustion est transférée à un liquide caloporteur, du propylène glycol en l’occurrence. C’est lui qui circulera dans les boyaux pour aller transférer à son tour sa chaleur vers la cible ou vers une unité de chauffage que vend aussi l’entreprise.

Ce système se veut avant tout une solution de rechange aux autres méthodes de chauffage utilisées dans les grands bâtiments, surtout le gaz naturel. En effet, le bois utilisé dans la chaudière terminerait sa course dans un site d’enfouissement ou dans la forêt. En utilisant par exemple des résidus de bois d’usine, d’ébénisterie ou même des chablis, on accélère le processus de dégradation du bois en en tirant de l’énergie du même coup.

Selon le fabricant, une chaudière suffit à chauffer un espace de 40 000 pieds carrés. « Tout ce qu’il faut, c’est du bois, explique l’entrepreneur de Saint-Denis-de-Brompton. Et avec 65 à 70 livres de bois, on produit autant d’énergie qu’un réservoir de propane de 20 livres. »

Dépendamment de l’utilisation qu’on en fait, mais aussi de la source d’approvisionnement en bois qu’on utilise, le coût d’une telle technologie s’amortit bien souvent en deux ou trois ans, selon le fabricant. Dans le secteur agricole, son système chauffe déjà des poulaillers, permet de sécher le maïs et sert aussi aux éleveurs de veaux de lait.

« On vient aussi d’installer notre système chez un client dans le parc industriel de Sherbrooke qui payait trop cher en gaz naturel, raconte M. Couture. Aujourd’hui, il s’alimente en rebuts de palettes qui seraient allées à l’enfouissement de toute manière. Tout le monde y trouve son compte. »

En 2017, l’entreprise a vendu une centaine de ces unités de chauffage. Question d’intéresser les clients potentiels, elle accorde un essai gratuit d’un mois à ceux-ci.

Pour alimenter de façon optimale la chaudière Blue Sky, il faut miser sur du bois dit « conforme », qui a séché pendant au moins deux ou trois ans. Ce bois permet à la chaudière de gagner de 20 à 30 % en puissance, et n’émet aucune fumée lorsqu’il brûle, affirme M. Couture.

Consciente des difficultés que peut représenter l’approvisionnement au départ, Sequoia offre du bois conforme à ses clients. L’entreprise a aussi conçu un séchoir dont elle remet les plans gratuitement à quiconque s’y intéresse pour aider à ce que chacun produise lui-même son bois conforme.

Fondée officiellement en 2005, l’entreprise de M. Couture emploie aujourd’hui 15 travailleurs et une poignée de sous-traitants.

Martin Primeau, journaliste