Alimentation 25 avril 2017

Le Québec multiplie les initiatives pour se protéger

La confiance des consommateurs est désormais altérée. Des exemples de fraude alimentaire comme ceux-ci ont fait la manchette dernièrement : du veau vendu à gros prix alors qu’il s’agissait plutôt de porc, et des emballages de tomates, de concombres et de poivrons sur lesquels on pouvait lire qu’ils avaient été produits au Canada alors qu’ils provenaient du Mexique.

Si les cas de fraude sont nombreux, n’allons surtout pas croire que le secteur agroalimentaire et agricole québécois reste les bras croisés pour autant.

Plusieurs initiatives

Des groupes d’agriculteurs québécois ont instauré des systèmes de traçabilité qui permettent aux consommateurs de déterminer précisément quel artisan a produit tel aliment. Plusieurs se sont aussi conformés à des programmes de salubrité alimentaire comme CanadaGAP.

En 2006, le gouvernement québécois a mis en place le Conseil des appellations réservées et des termes valorisants et entend accroître la surveillance afin de protéger certains produits certifiés comme le Fromage de vache de race Canadienne ou les produits biologiques, sans oublier Aliments du Québec, qui contrôle l’origine québécoise de plus de 22 000 produits. « Nous vérifions les fournisseurs, les listes d’ingrédients et nous visitons des entreprises pour nous assurer que les produits ayant le seau Aliments du Québec sont confectionnés à partir d’ingrédients du Québec [selon les critères en place]. Jusqu’à maintenant, à part des erreurs d’étiquetage, nous n’avons pas décelé d’utilisation illégale intentionnelle de la marque », indique la directrice Marie Beaudry.

Le nombre de produits qui arborent le logo Aliments du Québec augmente chaque année. L’indice de notoriété de cette marque a également grimpé auprès des Québécois et atteint 97 %, mentionne la directrice. « La marque Aliments du Québec prend de la valeur et des fraudeurs pourraient être tentés de l’utiliser. Depuis février dernier, nous avons donc renforcé le niveau de contrôle et de surveillance », ajoute Mme Beaudry.

En terminant, mentionnons le développement de circuits courts où l’achat direct auprès du producteur demeure, pour plusieurs, une solution de choix pour contrer la fraude alimentaire.

Exemples d’aliments adultérés

Marc Hamilton, microbiologiste et président de Groupe Environex, un important laboratoire d’analyses québécois, mentionne que la fraude alimentaire est beaucoup plus répandue qu’on le pense. « C’est surprenant de voir comment les fraudeurs réussissent à adultérer un produit sans que ça paraisse. En règle générale, ils ne modifieront pas plus de 35 % du produit, ce qui rend la fraude moins détectable », précise M. Hamilton. Il mentionne quelques exemples de fraude alimentaire :

– Sirop d’érable adultéré avec de l’eau, du sucre blanc et du sirop de maïs;
– Café 100 % arabica, qui contient en réalité 25 % de café robusta;
– Bouteille de merlot dont le cépage est mélangé avec du vin d’autres provenances;
– Miel adultéré avec d’autres éléments sucrants, du sirop de maïs ou du sirop de riz;
– Fromages de chèvre qui contiennent du lait de vache;
– Jus d’orange pur auquel de l’eau ou du jus de pomme ont été ajoutés;
– Épices adultérées. « Les épices demeurent un marché de dilution par excellence, car le consommateur ne les goûte habituellement pas directement; il les incorpore aux recettes. On estime que 35 % de l’origan est adultéré, notamment par l’ajout de feuilles d’olivier. Des agents de remplacement sont également ajoutés au safran et le tout est uniformisé à l’aide d’un colorant », explique M. Hamilton.

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Quelques exemples de fraude alimentaire