Alimentation 20 avril 2017

Des activistes visent la filière du poulet

Jusqu’à présent, les groupes de défense des animaux portaient davantage leur attention sur l’élevage des poules pondeuses, mais Mercy for animals cible maintenant le poulet.

Le Groupe Compass Canada, qui a vendu 1,9 G$ d’aliments préparés en 2015, a publié récemment un communiqué conjoint avec Mercy for animals dans lequel il mentionne vouloir se conformer à des normes élaborées par Global Animal Partnership (GAP) d’ici 2024. L’accent est notamment mis sur les races de poulet à croissance plus lente, l’espace, l’environnement, la lumière et la litière. L’abattage à l’aide d’un système d’étourdissement à atmosphère contrôlée pour insensibiliser les oiseaux est également mis de l’avant. Des inspections par une tierce partie sont prévues.

Notons qu’A&W a annoncé elle aussi l’application immédiate des normes de GAP de niveau 2, qui prévoient notamment un minimum de six heures de noirceur par jour dans les poulaillers. Cette chaîne de restaurants exige déjà l’absence d’antibiotiques dans l’élevage de poulets.

Atmosphère contrôlée

Concernant la question de l’insensibilisation avant l’abattage, le Conseil canadien des transformateurs d’œufs et de volailles (CCTOV) a confirmé à la Terre que plusieurs abattoirs utilisent déjà l’atmosphère contrôlée et que d’autres établissements seront équipés de ce système d’ici 2020 ou 2022. Selon le CCTOV, il y a deux approches pour l’étourdissement des volailles : l’une ayant recours à l’électricité et l’autre à l’atmosphère contrôlée. L’étourdissement électrique expose les volailles à un léger courant électrique dans un bain d’eau. L’étourdissement sous atmosphère contrôlée expose les volailles à un gaz. Notons que les combinaisons de gaz et les concentrations varient selon les équipements. L’étourdissement électrique et celui sous atmosphère contrôlée ont fait l’objet de nombreuses recherches et le CCTOV affirme que ces deux méthodes sont considérées comme étant sans cruauté pour insensibiliser les volailles.

Le CCTOV confirme par ailleurs qu’A&W et Cara (Swiss Chalet, Harvey’s) se sont aussi engagées à exiger le traitement à l’atmosphère contrôlée d’ici 2022 ou 2024.

« Les transformateurs de volailles canadiens maintiennent des normes élevées en matière de soins des animaux et ils continueront à le faire, non seulement parce qu’il s’agit d’une priorité cruciale pour l’industrie, mais également parce que ça nous tient à cœur », a déclaré Robin Horel, président du CCTOV.

Normes en place

Les Producteurs de poulets du Canada (PPC) ont critiqué l’approche de Mercy for animals, qui utilise certaines vidéos pour appuyer sa cause sans tenir compte des normes « strictes » déjà suivies par les éleveurs canadiens de poulets. « Nous ne croyons pas que cette vidéo sensationnaliste vient d’une ferme d’élevage de poulets canadienne. Elle semble avoir été reprise de campagnes de propagande précédentes ayant eu lieu dans d’autres pays », a déclaré Benoît Fontaine, président des PPC.

Le Programme de soins aux animaux des PPC, qui est obligatoire et vérifié par un tiers, protège déjà les troupeaux. Ce programme vient d’ailleurs d’être validé par un audit externe, qui confirme son « efficacité » et son application « continue » et « cohérente ». C’est NSF International qui est l’auditeur. Cette entreprise est spécialisée dans la supervision de standards de santé publique et des programmes de certification. Les PPC ont l’intention de tourner une vidéo qui va montrer comment les éleveurs canadiens travaillent. Ils comptent pouvoir ainsi illustrer les différences avec certaines vidéos qui proviendraient d’élevages d’autres pays. Le président des PPC, Benoît Fontaine, fera lui-même partie de ce petit film.

« Pour les producteurs, il va de soi que nos oiseaux doivent être élevés avec soin. C’est ainsi que nous appliquons depuis des décennies le Code de pratiques recommandées pour le soin et la manipulation des animaux de ferme, qui a été établi sous la responsabilité du Conseil de recherches agroalimentaires du Canada », affirme Lizianne Fortier, directrice des communications des Éleveurs de volailles du Québec. Cette dernière ajoute que ce code est complémentaire au programme des PPC. Les deux normes sont par ailleurs en évolution constante afin d’intégrer les nouvelles connaissances scientifiques. Bref, l’encadrement par des normes qui assurent le bien-être animal est déjà jugé complet et sérieux par les deux organisations d’éleveurs.

Cara affirme d’ailleurs travailler avec les éleveurs des 10 provinces et rappelle les mesures mises en place par les PPC.

Notons que Mercy for animals explique que son volet éducatif encourage des millions de personnes à travers le monde à « laisser les animaux en dehors de leur assiette et à faire la transition vers une diète vraiment humaine et végétalienne ». Renforcer le bien-être animal n’est donc pas le seul objectif.

Le Programme de soins aux animaux des PPC
Le Programme de soins aux animaux des PPC traite des questions de disponibilité des aliments et de l’eau, de la densité et de la gestion de la litière, des pratiques de soins de santé et de surveillance des oiseaux, ainsi que des conditions ambiantes, entre autres. Voici les points saillants de la production canadienne et du Programme de soins aux animaux des PPC :
• Aucun poulet élevé pour sa chair ne doit être gardé dans une cage;
• Les densités maximales de poulets (kg/m2) sont plus faibles que celles établies par le Conseil de l’Union européenne;
• La litière est enlevée après chaque troupeau et remplacée par une autre qui est propre, ce qui minimise les répercussions de l’ammoniaque sur les cheptels subséquents;
• La gestion et la reproduction ont aidé à réduire la mortalité, les taux de condamnation et les cas d’ascite et de problèmes de pattes au cours de la dernière décennie.