Actualités 24 mars 2017

Des arbres dans nos champs

Le mode d’exploitation des terres qu’est l’agroforesterie consiste à associer dans un même espace des plantations d’arbres ou d’arbustes (forestiers, fruitiers, etc.) et l’agriculture ou l’élevage.

Non seulement l’agroforesterie contribue à l’amélioration du paysage et à la biodiversité du milieu, mais elle présente aussi de nombreux avantages à plus ou moins long terme tant au point de vue environnemental qu’économique.

Des pratiques diversifiées

Les pratiques agroforestières les plus connues au Québec sont sans aucun doute l’aménagement de haies brise-vent et l’implantation de bandes riveraines agroforestières. Constituées d’une ou plusieurs rangées d’arbres ou d’arbustes, les haies brise-vent protègent les terres agricoles, les cultures et les animaux d’élevage. De par leur effet d’écran, elles permettent également de contrôler l’accumulation de la neige et de réduire la dérive de pesticides. Aménagées à proximité des bâtiments d’élevage, elles réduisent la consommation énergétique et atténuent les odeurs. Les bandes riveraines agroforestières, quant à elles, stabilisent les berges et protègent la qualité de l’eau. Composées de différentes strates de végétaux, incluant des arbres ou arbustes et des plantes herbacées, elles peuvent aussi générer divers produits ligneux et non ligneux ayant une valeur commerciale.

Les systèmes agrosylvicoles visent la production simultanée de bois et de produits agricoles (petits fruits, légumes, céréales, fourrage, etc.) à grande échelle. Les arbres sont généralement disposés en rangées en alternance avec des bandes cultivées (culture intercalaire) suffisamment larges pour permettre le passage de la machinerie agricole. Ces systèmes génèrent rapidement des revenus annuels (la culture) en attendant des revenus à long terme (le bois). Dans le même ordre d’idées, des cultures herbacées, des cultures maraîchères, des arbres forestiers et même des animaux d’élevage peuvent aussi côtoyer des arbres fruitiers ou à noix pour constituer un système.

Les systèmes sylvopastoraux, eux, impliquent la présence d’arbres au pâturage, lesquels fournissent de l’ombre aux animaux et les protègent du vent. Le choix des arbres selon leur finalité ainsi que leur disposition et la gestion de la cohabitation permettent aux deux productions d’être complémentaires.

Enfin, la ligniculture en courtes rotations consiste à planter des arbres ou des arbustes qui fourniront une récolte quelques années ou une à deux décennies plus tard. Il s’agit, par exemple, de planter des arbres à croissance rapide ou des arbustes ornementaux sur des terres en friche.

L’agroforesterie, c’est aussi des cultures sous couvert forestier

Les cultures en boisé, qui valorisent les forêts existantes, constituent une autre pratique agroforestière. La culture de la fougère-à-l’autruche (pour les têtes de violon), de plantes médicinales tel le ginseng ou de champignons en érablière, en boisé mixte ou de feuillus en sont de bons exemples. En plus d’offrir un revenu d’appoint, ces cultures ont pour effet de diminuer la pression exercée sur certaines populations naturelles de plantes indigènes et ainsi prévenir leur disparition.

Dans des sites près de chez vous

Vous êtes producteur agricole, producteur forestier, propriétaire d’un boisé ou d’une terre agricole? Visitez le Réseau de sites de démonstration en agroforesterie, qui présente et documente quelque 50 aménagements agroforestiers réalisés dans plusieurs régions du Québec. De quoi vous inspirer à vous lancer! Le Répertoire des experts et des professionnels de l’agroforesterie au Québec, quant à lui, vous aidera à identifier des personnes-ressources possédant une expertise dans le domaine.

Danielle Jacques, agronome, Centre de référence en agriculture et agroalimentaire du Québec