Économie 14 février 2017

Des résultats « historiques » pour La Coop fédérée

MONTRÉAL — À la tête de la plus importante coopérative agricole du pays depuis bientôt un an, Ghislain Gervais piaffe d’impatience. La semaine prochaine, celui-ci annoncera des résultats « historiques » à ses 90 000 sociétaires. Dans un monde en profonde mutation, dit-il, la Coop est à l’affût de nouvelles acquisitions ou partenariats d’affaires, ici ou à l’étranger.

Depuis près de trois ans, le Réseau la Coop, soit le secteur agricole, est soumis à une ambitieuse planification stratégique. La Vision 2020, admet le président, pourrait bien entraîner plusieurs regroupements au sein de la quarantaine de coopératives existantes.

« Les coopératives n’ont pas le choix de se positionner pour durer et assurer leur pertinence », dit-il pour justifier l’effort de regroupement. Il réalise bien que l’environnement d’affaires bouge « à vitesse grand V ». Autant en amont qu’en aval de la ferme, constate-t-il, il y a une vague d’acquisitions sans précédent dans le secteur agroalimentaire (Monsanto-Bayer, Agrium-Potash Corp). Une expérience-pilote menée auprès de coopératives du Centre-du-Québec lui laisse croire qu’à peine une dizaine de coops agricoles pourraient subsister au terme de l’exercice.

Le secteur agricole est soumis à une ambitieuse planification stratégique. La Vision 2020 pourrait bien entraîner plusieurs regroupements au sein de la quarantaine de coopératives existantes. Courtoisie de La Coop fédérée.
Le secteur agricole est soumis à une ambitieuse planification stratégique. La Vision 2020 pourrait bien entraîner plusieurs regroupements au sein de la quarantaine de coopératives existantes. Courtoisie de La Coop fédérée.

« C’est un retour à nos racines », dit-il, rappelant que l’objectif consiste à mettre l’agriculteur au centre de cette vision. La Coop, promet-il, va gagner en agilité et en compétitivité, et ce, tout en respectant le vœu premier des producteurs, soit qu’il y ait le moins de changements possible. Ceux-ci tiennent à conserver leur expert-conseil, à condition toutefois de le voir bien outillé. Les agriculteurs, illustre Ghislain Gervais, ont besoin d’outils pour les aider à prendre des décisions en fonction des multiples données récoltées. Isolées, pense-t-il, les coopératives n’ont pas les ressources financières et humaines pour gérer le volet informatique.

Le président souligne que ce plan de développement est « volontaire » et que plusieurs coopératives ont déjà signifié leur adhésion à celui-ci. Testé avec succès en Ontario, note-t-il, le modèle semble avoir fait ses preuves tout en respectant les particularités régionales. « Les gens vont être en contrôle et ça va permettre de conserver une expertise et un entrepreneuriat local », affirme-t-il.

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Il est facile d’imaginer que son prochain discours annuel va porter sur l’environnement d’affaires et sur l’importance d’innover, de changer et de s’adapter. Ghislain Gervais entend mettre l’accent sur le « pourquoi » d’un développement de la Coop à l’extérieur du Québec. Aux sociétaires qui s’interrogent quant aux éventuels bénéfices retirés par leur propre entreprise agricole d’une présence en Ontario ou dans l’Ouest canadien, il promet de répondre franchement.   

« Comme organisation, on n’aura pas le choix à moyen et long terme d’envisager une expansion à l’international », soutient Ghislain Gervais à propos de l’entrée en vigueur de l’accord de libre-échange avec l’Europe. La Coop a d’ailleurs pris les devants. Le président cite l’exemple du partenariat développé au cours de la dernière année avec InVivo, première coopérative de France, dans une coentreprise numérique. Toujours avec InVivo, un second partenariat a été réalisé afin de commercialiser les grains à Singapour.