Économie 7 novembre 2016

2015 dans le rouge, 2016 catastrophique

Les dernières semaines ont été catastrophiques pour les producteurs de porcs, avec une chute brutale du prix du porc de 65 $/100 kg. Autre tuile, la dernière mise à jour sur l’étude du coût de production vient confirmer qu’ils ont perdu 3,15 $/100 kg l’an dernier.

Effectuée par les Éleveurs de porcs du Québec en partenariat avec les Groupes conseils agricoles du Québec, la mise à jour illustre une détérioration majeure en l’espace de deux ans. En 2013, les producteurs avaient en effet enregistré un profit (solde résiduel positif) de 3,11 $/100 kg.

La mise à jour, basée sur un échantillon de 60 entreprises naisseurs-finisseurs, démontre que cette détérioration résulte notamment de l’effet de resserrement des programmes de sécurité du revenu. Rappelons qu’un nouveau modèle de l’assurance stabilisation des revenus agricoles (ASRA) est entré en vigueur en 2014.

Paradoxalement, l’étude démontre aussi que les producteurs ont réalisé des gains de productivité importants ces dernières années. De plus, les entreprises ont profité des bons prix de 2014 pour réduire considérablement leur endettement, la dette totale passant de 64 % des actifs (2009-2013) à 46 % en 2015.

En prévision de leur assemblée générale spéciale et d’un forum stratégique cette semaine à Québec, les Éleveurs de porcs du Québec ont terminé leur tournée régionale des syndicats. Le président des Éleveurs, David Boissonneault, a notamment indiqué être en négociation avec la Financière afin de verser des avances de compensation aux producteurs le mois prochain. Les Éleveurs espéraient obtenir une réponse positive avant le 24 octobre. Vérification faite, aucun accord n’a été conclu jusqu’ici.

Au cours de la tournée régionale, les Éleveurs ont également abordé la question des marges obtenues par les abattoirs. Si le prix payé aux producteurs est en baisse, il en va tout autrement des profits réalisés par les abattoirs, devinent-ils. David Boissonneault a notamment indiqué que des discussions sont en cours avec Olymel, l’un des principaux acheteurs de porcs au Québec.

Chez un autre transformateur important, F. Ménard d’Ange-Gardien, on dit suivre la convention de mise en marché établie en fonction du prix américain. Le responsable des achats, Bruno Girard, estime que la situation actuelle risque d’être de courte durée. L’an prochain, pense-t-il, la capacité d’abattage aux États-Unis va augmenter de 7 millions de têtes, soit le total de la production québécoise, avec l’entrée en service de nouveaux abattoirs.

« C’est la situation de l’automne 1998 qui se répète, analyse-t-il. L’offre a dépassé la demande et on a atteint notre capacité d’abattage. En 2017, ça risque d’être les producteurs de porcs qui vont en profiter. Ça peut se retourner assez rapidement. »