Politique 22 septembre 2016

La gestion de l’offre favorise la souveraineté alimentaire, selon Charest

MONTRÉAL — La gestion de l’offre, un élément qui favorise la souveraineté alimentaire au Canada, est aujourd’hui bien protégée dans les accords de libre-échange.

C’est l’avis émis par Jean Charest, l’un des conférenciers invités par la Coalition pour la souveraineté alimentaire hier soir à Montréal. D’entrée de jeu, l’ancien premier ministre du Québec a dit avoir accepté l’invitation en raison de sa « grande estime » pour l’Union des producteurs agricoles (UPA).

Jean Charest a déclaré que la gestion de l’offre, « une formule assez unique », a toujours été au centre du débat quand il était question de négocier des ententes de libre-échange. La proximité des États-Unis, où 70 % des exportations canadiennes sont dirigées, « nous a rendus complaisants », nous amenant à négliger la recherche et l’innovation, dit-il.

L’ancien premier ministre estime que la création d’Aliments Québec par son administration a été « un geste significatif ». Il dit aujourd’hui lire minutieusement les étiquettes quand il fait l’épicerie, reconnaissant que la souveraineté alimentaire constitue aussi une responsabilité personnelle à assumer chaque jour.
« Je veux savoir d’où ça vient », a-t-il affirmé.

Jean Charest a aussi admis sa « frustration » à la suite de l’adoption de la Loi sur les appellations réservées et les termes valorisants. Il a confié avoir fait preuve d’une « grande naïveté » en s’attendant à une explosion parmi les produits québécois, croyant qu’au moins 40 produits auraient profité de la nouvelle loi un an après son adoption. Il dit avoir compris qu’une « loi rigoureuse » exigeait du temps.

La directrice générale du Conseil des appellations réservées et des termes valorisants (CARTV), responsable de l’application de la Loi, était présente dans l’assistance. Anne-Marie Godbout-Granger a noté les récents progrès, affirmant que « le politique devait également suivre ».

L’ancien premier ministre a également évoqué brièvement la crise de la listériose dans les fromages fins durant son administration. « On est intervenus avec beaucoup de brutalité », a-t-il reconnu, jugeant que le ministère de l’Agriculture avait raison d’agir de la sorte pour protéger ce secteur.

Lait diafiltré

Interrogé par la Terre sur les importations américaines de lait diafiltré, Jean Charest estime que le gouvernement fédéral doit faire respecter sa réglementation. Lors du début des négociations de l’accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne, a-t-il rappelé, il était entendu que le gouvernement fédéral allait resserrer sa propre loi « pour éviter qu’on entre par en arrière ».

« Si on est pour faire une ouverture à la fois avec l’AECG et le PTP, a-t-il confié, ça se fait à la condition qu’on respecte les règles actuelles. Il y a une logique là-dedans. Je m’attends à ce que les gouvernements respectent leur parole. »

Bois d’œuvre

Dans la présente négociation avec les États-Unis sur le bois d’œuvre, Jean Charest exhorte le Québec à tenir son bout. Il avoue avoir accepté cet accord à contrecœur en 2006, s’étant fait « entrer ça dans la gorge ». Il dit assumer sa décision, prise pour éviter de voir les Américains étirer les discussions « jusqu’à temps de mettre tout le monde en faillite ». Le Québec, souligne-t-il, a modifié son régime forestier pour satisfaire les Américains.

« En même temps, déclare-t-il, je constate que l’administration Obama dit au gouvernement canadien de l’appuyer dans le PTP. Encore faudrait-il qu’ils respectent les dispositions de l’ALENA, ce qu’ils n’ont pas fait dans le bois d’œuvre. »