Actualités 3 juin 2016

Bien planifier ses investissements

Est-il préférable de faire l’achat d’une presse à balles, d’en partager une, de former une coopérative d’utilisation de matériel agricole (CUMA) ou encore de donner le contrat de récolte du foin à forfait? Pour bien planifier ses investissements, il faut d’abord bien évaluer ses besoins.

Avant de se lancer, « la première étape est de savoir combien de balles de foin seront produites », souligne d’emblée Caroline Collard, agronome et conseillère en gestion agricole au Groupe conseil agricole Chaudière-Etchemin. Puis, selon la presse à balles que l’on veut acheter, il faut trouver le « point mort », c’est-à-dire la quantité de balles à produire pour être en mesure de rentabiliser son investissement.

« Un producteur qui est en mesure de combler ses propres besoins en produisant 800 ou 900 balles rondes ne sera pas obligé d’offrir ses services ailleurs, car plus on utilise l’équipement et plus ça l’use rapidement », ajoute Mme Collard. De plus, il faut aussi choisir une presse à balles en fonction du tracteur disponible, sinon les coûts peuvent rapidement exploser.

Pour rentabiliser les investissements, plusieurs producteurs offrent le service de presse à forfait. Dans ce cas, un prix de base devrait être fixé pour couvrir les frais de déplacement, note l’agronome.

Quand l’union fait la force

Pour les petites et les moyennes fermes, la formation d’une CUMA peut être une solution fort intéressante. « Il faut toutefois trouver des partenaires qui partagent la même vision et dont l’entreprise a une taille similaire », explique Caroline Collard. Basé sur l’entraide, ce modèle fonctionne bien lorsqu’il y a une bonne communication entre les producteurs qui aiment travailler en groupe.

Selon Chantal St-Laurent, agronome et conseillère pour les CUMA au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ), ce modèle aide à réduire les risques financiers et à diminuer les coûts de production. « C’est un modèle très intéressant qui a encore sa place dans le contexte
économique actuel, dit-elle. Une CUMA peut aussi favoriser l’établissement de la relève. » Pour que cela fonctionne, les membres doivent s’impliquer, souligne
l’agronome.

Au Québec, on retrouve plus de 65 CUMA, qui regroupent de 3 à 64 producteurs, et qui détiennent jusqu’à 40 équipements en commun. Chaque CUMA est divisée en branches où de trois à cinq agriculteurs partagent l’utilisation d’une machine, explique Mme St-Laurent, qui ajoute que le MAPAQ souhaite relancer la promotion de ce type de coopérative agricole. Cependant, certaines CUMA font l’erreur d’acheter des machines trop grosses et changent trop souvent d’équipement, note Mme Collard. « À la longue, ça peut devenir assez onéreux », mentionne-t-elle.

Certains producteurs voisins décident également de partager l’achat d’équipement sans toutefois former une CUMA. Ce modèle fonctionne aussi très bien lorsque les fermes sont de taille similaire, car l’équipement peut être facilement partagé. Secret : un seul chauffeur Peu importe la décision de l’agriculteur, le secret est d’avoir un seul chauffeur sur la presse à balles, soutient Mme Collard. « C’est une machine complexe qui ne peut pas être conduite par n’importe qui », dit-elle.

C’est pourquoi l’embauche d’un producteur à forfait peut aussi être une solution fort intéressante. « Si on a moins de contrôle sur le prix et la disponibilité, il n’y a pas de casse-tête avec la main-d’oeuvre, la réparation et l’entreposage », commente la conseillère.

5 raisons de former une CUMA

1. Réduire les risques financiers associés à la mécanisation par le partage des coûts;

2. Profiter d’un équipement efficace et performant qui permet d’obtenir des gains de temps;

3. Améliorer ses conditions de travail et de vie;

4. Préparer la relève agricole et faciliter le transfert de l’entreprise par la réduction du taux d’endettement lié principalement aux investissements pour la mécanisation des opérations;

5. Contribuer à maintenir l’occupation et le dynamisme du territoire rural par la conservation, voire l’enrichissement, des actifs agricoles.

 

Guillaume Roy