Actualités 16 mai 2016

En France, l’heure est grave pour les producteurs laitiers

« En France, on est dans une situation où les producteurs laitiers vendent leurs produits à des prix qui leur permettent probablement de rester en vie, mais sans plus », commente le professeur d’économie agricole à l’Université Laval, Daniel-Mercier Gouin.

Un an après l’abolition des quotas, la crise laitière en France ne semble toujours pas se résorber. Aujourd’hui, un hectolitre de lait vaut 45 $. En comparaison, au Canada, il dépasse légèrement la barre des 70 $.

La production de chacun des pays du Vieux Continent est régie par l’Union européenne. La filière laitière européenne a aboli les quotas dans le but d’instaurer une plus grande compétitivité entre les producteurs et de positionner l’Europe sur le marché de l’exportation mondiale.

Résultat : « La production européenne a augmenté de 3 %, une hausse énorme à l’échelle du marché mondial, ce qui a eu pour conséquences une baisse du prix de la poudre de lait d’à peu près la moitié sur le marché international et une diminution du prix à la production pour l’année 2015 de l’ordre de 15 % en France », explique M. Gouin. Le professeur rentre tout juste au pays après une année de recherche en France. Il tenait à assister personnellement à l’abolition des quotas pour en étudier les conséquences. « Même si les structures de coût ne sont pas les mêmes, des évaluations qu’on a faites tendraient à montrer que les producteurs arrivent à couvrir tout juste leurs coûts de production, et là évidemment on parle de moyennes. Il ne reste pas grand-chose pour la rémunération du travail. »

La conjoncture économique joue aussi un rôle dans la crise. « On se retrouve dans une situation où la production augmente en Europe. Depuis quelques années, les Américains se sont confortés dans leur position d’exportateurs de produits laitiers, les Néo-Zélandais en exportent toujours évidemment et en même temps, il y a cette fin des quotas, avec un ralentissement de la demande en Chine. » Si la crise perdure, il y aura des risques de dommages plus importants, selon le professeur.