Actualités 9 octobre 2014

Valoriser les céréales de spécialité

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Tour d’horizon du centre de grains Élévateurs Rive-Sud. Ce centre travaille en partenariat avec des meuneries pour répondre aux besoins des marchés de céréales de spécialité.
À l’automne 2008, les propriétaires d’Élévateurs Rive-Sud sont sous le choc; un silo s’est effondré et a entraîné dans sa chute plusieurs autres structures d’entreposage. Heureusement, personne n’est blessé. Mais une tâche colossale attend les propriétaires, dont Yann Hébert, président du centre de grains, car tout doit être rebâti.
Entouré de sa famille et de ses employés, M. Hébert se relève les manches et reconstruit le centre de grains. Il décide alors de répondre aux besoins des marchés de spécialité. « J’y voyais un avenir et je croyais au potentiel de ce type de marchés. En plus, je souhaitais développer des façons de faire pour donner une valeur ajoutée aux produits », relate-t-il.
Le centre, qui se spécialise dans le blé panifiable, le sarrasin et l’épeautre, compte actuellement 33 cellules d’entreposage de différents volumes et lors de la visite de L’UtiliTerre, d’autres silos étaient en construction.

Valoriser le grain
« Comment un centre de grains peut-il valoriser le blé? » lance Yann Hébert. En répondant aux besoins des marchés de spécialité, entre autres. Des partenariats se développent ainsi avec Les Moulins de Soulanges, la Meunerie Milanaise et les Céréales Charlevoix. « Les Moulins de Soulanges ont développé le marché du blé à identité préservée (IP). Avec ce type d’initiative, notre rôle a changé », souligne M. Hébert. Malgré le petit volume de blé IP au Québec par rapport aux volumes de blé en provenance de l’Ouest canadien, le travail et le savoir-faire des centres de grains prennent toute leur importance. « On développe des farines de spécialité et il faut sécuriser les approvisionnements, donc mettre en œuvre des techniques pour valoriser le plus de blé possible », explique Rudy Laixhay, directeur commercial pour Les Moulins de Soulanges.
En 2012, ce sont 25 000 tonnes de blé IP qui seront récoltées uniquement pour Les Moulins de Soulanges. Une hausse spectaculaire, car sept ans plus tôt, le volume n’était que de 500 tonnes. « Pour 2013, on vise 35 000 tonnes », affirme Rudy Laixhay.
Les producteurs de blé IP livrent de petits volumes, d’où l’importance pour les centres de grains de valoriser le mieux possible chaque grain récolté et de les rassembler pour former de grands lots uniformes. « Car l’industrie de la transformation a besoin de constance dans ses approvisionnements », insiste le directeur commercial.

L’expertise des centres de grains
Plusieurs techniques permettent de nettoyer le grain et d’uniformiser les lots. « Actuellement, on utilise trois procédés pour retravailler les lots de blé. On opte pour l’un ou l’autre ou les trois, selon le résultat de l’analyse de laboratoire (voir l’encadré « Au laboratoire ») et la problématique rencontrée. On applique le ou les processus de criblage pour valoriser le lot à un coût abordable », précise Yann Hébert.
La première technique consiste à faire passer le grain dans un puissant aspirateur afin de retirer tous les petits grains; cela permet de conserver uniquement les grains les plus lourds du lot. Le deuxième appareil est un trieur alvéolaire, qui assure la ségrégation des grains selon leur longueur. Enfin, la table à gravité trie les grains selon leur densité. « Ces trois techniques séparent les grains selon leur longueur, leur poids et leur densité, décrit-il. Les techniques de conditionnement des grains évoluent rapidement. Il y a quelques années, on éliminait le tiers du volume d’un lot lors du criblage pour réussir à abaisser de moitié le pourcentage de fusariose. Aujourd’hui, on arrive au même résultat en réduisant le volume du lot de 20 % seulement. Cette année, on testera de nouveaux ajustements à certains de nos équipements. On souhaite améliorer davantage notre efficacité. »
Cette année, avec le retrait de l’Agence de vente, le centre de grains informera les producteurs de trois scénarios possibles. « Avec les résultats de l’analyse en main, on communiquera avec le producteur. Si le lot est déclassé, le centre lui offrira de l’acheter. S’il refuse, le producteur pourra décider de faire livrer son blé ailleurs, chez un autre acheteur. Enfin, on lui proposera de conditionner son lot afin de le valoriser au maximum », expose Yann Hébert.
Le criblage, conclut-il, a comme objectif de mettre le producteur dans une position attrayante vis-à-vis de son acheteur afin qu’il retire le maximum de sa récolte.

Au laboratoire

Encadre_UTL_MG_elevateur-533À l’arrivée de chaque lot, un échantillonneur pneumatique prend un échantillon de 5 à 8 kg. « On divise l’échantillon et on effectue une analyse. Le meunier, par exemple Les Moulins de Soulanges, en fera une de son côté. Si les résultats divergent, un laboratoire indépendant exécutera l’analyse du troisième échantillon », explique Yann Hébert.
L’analyse compte plusieurs étapes. « J’utilise un diviseur pour créer des échantillons de 500 g à 1 kg. Ensuite, je pèse mon échantillon », indique Louis Deshaye, responsable du contrôle de la qualité et de la recherche-développement aux Élévateurs Rive-Sud. L’étape suivante consiste à classer le grain selon la méthode établie par la Régie des marchés agricoles et alimentaires du Québec. « On détermine alors le poids spécifique, l’humidité, le pourcentage d’impuretés », énumère M. Deshaye. L’échantillon passe alors dans le tarare, qui tamise l’échantillon et aspire les fines particules. Finalement, on conduit des tests de protéine, d’indice de chute et de vomitoxine. « Il faut compter un minimum de 45 minutes pour effectuer cette évaluation, estime M. Deshaye. Cela ne comprend pas le test pour les toxines. »
Le centre conserve l’échantillon plusieurs mois après la livraison. « Une fois les résultats d’analyse obtenus, trois procédés de criblage peuvent être utilisés pour uniformiser le lot », indique Yann Hébert.