Actualités 2 octobre 2014

« Je suis un patenteux de profession »

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Jean-François Bolduc a passé 30 ans à travailler en usine pour adapter des machines et en inventer de nouvelles afin de répondre aux besoins de ses employeurs et de leurs clients. Aujourd’hui, il se qualifie lui-même de « patenteux de profession ».

À 51 ans, le propriétaire du Domaine du fer à cheval, à Compton, en Estrie, profite de ses expériences de travail pour rentabiliser son érablière de 8 000 entailles sous tubulures et sa production forestière de 300 acres.

Parmi ses nombreuses réalisations qui ont attiré l’attention de L’UtiliTerre, un moulin à scie qu’il a fabriqué de A à Z et qui fait sa fierté. « Il m’a fallu plus d’un an pour le monter et j’y ai mis entre 500 et 600 heures de travail », raconte-t-il.

Le matin de la visite de L’UtiliTerre, malgré les –10 degrés Celsius, le moulin à scie a livré la marchandise au-delà de ses espérances. La lame à ruban de la scie a traversé les billots gelés comme si c’était du beurre, pour former de belles planches bien droites. Jean-François s’est félicité d’avoir bien assis les pattes de sa machine sur le sol après avoir enlevé une bonne couche d’humus. Malgré le gel, le moulin à scie est resté bien droit.

Le gène du patenteux
Dès l’âge de huit ans, le petit Jean-François a commencé à démontrer son amour des machines. À cette époque, il avait entrepris de démonter et de remonter le pulvérisateur à pommes de terre de la ferme de son père, Louis-Marie. Ce dernier, aujourd’hui âgé de 81 ans, est d’ailleurs l’un des fidèles admirateurs des talents de patenteux de son fils. « Jean-François avait toujours le goût d’explorer. Quand il démontait une machine et qu’il la remontait, elle fonctionnait toujours mieux », précise-t‑il avec un brin de fierté.

Adolescent, contrairement à beaucoup de garçons de son âge, Jean-François ne s’intéressait pas particulièrement aux automobiles. Son goût insatiable pour la mécanique s’est plutôt orienté vers les machines agricoles ou industrielles. « J’aimais les tracteurs », se rappelle-t‑il.

Convaincu que le talent ne suffit pas, notre patenteux en herbe a terminé ses études secondaires en soudage et assemblage mécanique. Quelques années plus tard, il a travaillé à l’Atelier Ferland inc.IMG_0306

C’est à l’Atelier qu’il a suivi le cours de 300 heures du Bureau canadien de soudage (CWB) qui a confirmé son engagement dans le secteur des machines. « C’est avec ce cours-là que j’ai appris à travailler avec les normes de l’Association canadienne de normalisation (CSA). Ces normes permettent d’éviter de créer des déséquilibres lors d’une fabrication. Quand on les respecte, nos machines fonctionnent du premier coup », explique-t‑il. Selon Jean-François, la norme CSA est très appréciée en industrie, parce qu’elle assure une meilleure efficacité et permet d’éviter les erreurs dans l’élaboration de projets.

Pendant plus de 20 ans, il travaillera donc pour Atelier Ferland inc. « Ç’a été mon école », dit-il. Cette entreprise est bien connue dans les Cantons-de-l’Est. Elle œuvre principalement dans les domaines de la conception de machinerie spécialisée et de la fabrication sur mesure. Au nombre de ses clients, l’on compte Domtar, Waterville TG (pièces d’automobiles), Chenilles Camoplast, etc. Le travail de Jean-François consistait à trouver des solutions aux problèmes particuliers des clients. « Il fallait plusieurs rencontres avec les clients pour comprendre leurs besoins. C’est seulement au terme de cette étape que nous pouvions procéder à l’installation et à la mise en marche des nouveaux équipements », raconte-t-il.

Jean-François donne en exemple la conception et l’installation d’une machine pour procéder au sablage des palettes des bâtons de hockey. « Ce n’était pas si simple, dit-il. Surtout si on considère que ces dernières sont courbées et qu’il faut les sabler des deux côtés. »

À lire son curriculum vitæ, on comprend que Jean-François se définisse aujourd’hui comme un « patenteux professionnel ».

Relève
C’est en 1990, tandis qu’il travaillait encore en usine, que Jean-François a décidé de prendre la relève à la ferme familiale. En 1991, il a entrepris la construction de la cabane à sucre et du chemin forestier qui y donne accès. Année après année, il aménageait son érablière tout en gardant son emploi à l’extérieur de la ferme forestière. C’est au début des années 2000 qu’il a entrepris de construire son moulin à scie. C’était une étape importante de son projet d’établissement parce qu’il voulait prélever le bois nécessaire dans son boisé, le scier lui-même et s’en servir pour construire sa maison, qu’il a terminée en 2005. « Je l’ai construite au complet », déclare-t‑il fièrement.

En 2009, il quitte son employeur et décide de devenir travailleur autonome. Il partage alors son temps entre la ferme forestière et Service mobile d’alésage de l’Estrie une entreprise dont il est le propriétaire. « J’offre des services de mécanique mobile et d’usinage aux entreprises de la région », explique-t-il.

À la même époque, il achète une érablière voisine de la sienne et porte son nombre d’entailles sous tubulure à 8 000. Il utilisait déjà l’osmose inversée depuis 1999 pour réduire ses coûts d’énergie. Il prélève le bois de chauffage nécessaire pour la saison des sucres dans son boisé – souvent les résidus du bois vendu, les têtes d’arbres coupés, etc. S’occuper de son érablière aura appris à notre patenteux à donner libre cours à son talent et aux projets, réparations, modifications et innovations qui lui ont permis de se faciliter la tâche.