Actualités 22 juillet 2020

Un extrait de feuilles d’érable à la rescousse de la laitue

La biomasse forestière ne serait pas utile que pour produire de l’énergie. Les nombreuses feuilles d’érable à sucre qui tapissent le sol l’automne venu pourraient vraisemblablement aider les producteurs de laitue aux prises avec certaines bactéries qui créent des dommages à leurs cultures.

Une étude menée par le doctorant en biologie végétale Maxime Delisle-Houde et le professeur Russel J. Tweddell, du Département de phytologie de l’Université Laval, a en effet démontré que des extraits préparés à partir de feuilles d’érable à sucre se sont révélés efficaces pour empêcher la croissance in vitro de deux bactéries phytopathogènes : Xanthomonas campestris et Pseudomonas cichorii.

Alors que X. campestris cause la tache bactérienne de la laitue, P. cichorii est responsable de la maladie des taches et des nervures noires. Au Canada, les producteurs disposent d’une seule arme, le Confine Extra, pour lutter contre la première, et aucun produit n’est homologué contre la deuxième. L’idée derrière les travaux réalisés par les chercheurs était de valoriser la biomasse forestière.

Maladie des taches et des nervures noires.
Maladie des taches et des nervures noires.

Au départ, des extraits produits à partir de 12 espèces d’arbres qui croissent au Québec ont été employés. Les extraits testés étaient issus de feuilles, d’écorce et de branches. « Les espèces qui ont été utilisées n’ont pas été sélectionnées en fonction de caractéristiques précises, souligne M. Delisle-Houde. Il s’agit en fait d’un tamisage « screening » provenant d’une banque d’extraits végétaux ».

Des résultats probants

Les essais effectués sur des laitues romaines et pommées d’abord inoculées avec l’une ou l’autre des deux bactéries ont suggéré que l’efficacité de l’extrait de feuilles d’érable récoltées au sol à l’automne était comparable à celle du Confine Extra. Qui plus est, cet extrait n’occasionne aucun symptôme de toxicité – des taches par exemple – susceptible de nuire à la commercialisation des laitues.    

Mais comment expliquer l’action des feuilles d’érable? « Il est possible que le composé qui possède une activité antibactérienne importante identifié dans l’extrait, la géraniine, soit responsable de l’effet observé, avance le doctorant en biologie végétale. Il ne faut toutefois pas exclure l’hypothèse que la géraniine et peut-être d’autres composés aient stimulé les défenses naturelles de la plante. »

Tache bactérienne de la laitue.
Tache bactérienne de la laitue.

Prévention et commercialisation

Quant à une éventuelle utilisation des feuilles d’érable à titre préventif, Maxime Delisle-Houde indique que la chose est envisageable. « Comme il est plausible que l’extrait stimule les défenses naturelles de la plante, on peut le croire, mais on devra mettre en évidence son mécanisme d’action et évaluer la persistance du composé antibactérien sur les feuilles avant de tirer des conclusions », dit-il.

Pour déterminer si l’extrait testé pourrait limiter le développement des bactéries à l’étude sur d’autres cultures – céleri, endives et plantes de la famille du chou – et s’il est efficace contre d’autres bactéries, des études supplémentaires seront nécessaires. Des travaux additionnels seront par ailleurs requis pour établir le réel potentiel d’une formulation commerciale contre X. campestris et P. cichorii.