Ovins 13 novembre 2023

L’approche de fin de vie : une question de bien-être pour les petits ruminants

La question de l’euthanasie peut sembler « hors sujet » quand on veut parler de santé et de bien-être animal. Pourtant, bien qu’il s’agisse d’un sujet sensible, voire émotif, la fin de vie de nos animaux de production demeure une réalité pour tout éleveur.

Nos petits ruminants méritent une fin de vie à la hauteur de tout ce qu’ils ont donné à l’entreprise agricole. La décision, quoique difficile, doit être prise pour éviter une souffrance indue et une agonie trop longue. Pour ce faire, le code de pratiques des ovins et des caprins recommande d’établir un plan pour agir en temps opportun. Le Centre d’expertise en production ovine du Québec (CEPOQ), de concert avec le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ) et la Faculté de médecine vétérinaire (FMV) de l’Université de Montréal, a développé en 2022 une formation pratique et théorique pour outiller les éleveurs et les intervenants pour cette ultime étape dans la vie de l’animal. 

Un sondage a été réalisé auprès des éleveurs dans le but de connaître la réalité du terrain, afin que cette formation réponde le plus possible aux besoins. Voici quelques ­informations qui ont été recueillies pour les petits ­ruminants qui terminent leur vie à la ferme : 

  • 38 % des éleveurs n’appliquent pas l’euthanasie chez les animaux très jeunes et 21 % chez les animaux en croissance;
  • 15 % des petits ruminants ont une mort naturelle sans qu’aucune méthode d’euthanasie ne soit utilisée;
  • 65 % décèdent par mort naturelle ou par euthanasie selon les circonstances;
  • Seulement 4 % des éleveurs utilisent un pistolet percuteur à tige pénétrante, alors que l’utilisation de la carabine de calibre .22 est très présente dans les entreprises. 

Ces quelques chiffres confirment la nécessité d’une bonne formation, dans le contexte du coût et du peu de ­disponibilité des barbituriques utilisés par les vétérinaires pour effectuer cette intervention. On ajoute à cela que les récupérateurs ne font plus les euthanasies à la ferme, et ne sont pas toujours disponibles dans certaines régions, ce qui ne fait qu’ajouter aux enjeux notés. Le CEPOQ, la FMV et le MAPAQ ont donc tenu quatre ateliers, dans trois régions du Québec (Rimouski, Québec et Saint-Hyacinthe), qui ont permis à près de 70 éleveurs et intervenants de se familiariser avec les méthodes permises pour les euthanasies par les codes de pratiques et plus particulièrement pour l’utilisation des pistolets percuteurs à tige pénétrante et non pénétrante pour les ovins et les caprins. 

Nouvelle campagne PISAQ 

Le besoin identifié par ces ateliers a conduit à la mise en place par le MAPAQ d’une campagne du Programme intégré de santé animale du Québec (PISAQ) portant sur les euthanasies à la ferme, dont le lancement a été effectué le 17 octobre 2023. Comme pour les autres campagnes PISAQ, les éleveurs pourront bénéficier de gratuités pour l’accompagnement offert par le médecin vétérinaire. Pour plus d’informations, on peut consulter le site du MAPAQ, qui décrit chaque campagne PISAQ en plus de celle de l’euthanasie : www.mapaq.gouv.qc.ca/campagne14

Le CEPOQ a aussi produit des fiches et vidéos comme source de référence sur ce thème pour les éleveurs et intervenants (www.cepoq.com).

Les ateliers ont aussi permis au CEPOQ d’identifier ­certains enjeux qui nécessitent de poursuivre les interventions auprès des éleveurs et des intervenants. ­Évidemment, on conçoit très bien que la prise de décision d’une euthanasie à la ferme est difficile. Elle prive l’éleveur de revenus potentiels liés à la vente, entre autres. Il y a aussi la pression de prendre la meilleure décision pour le soin de son animal. Peut-il être guéri? Sinon peut-on le transporter vers l’abattoir? Donc, est-il apte ou inapte au transport? Est-il fragilisé? Le vétérinaire peut vous orienter et les outils du CEPOQ peuvent vous être utiles. Les règlements et lois concernant le transport devraient être révisés par tout éleveur avant un déplacement d’animaux. Une méconnaissance de ces règlements peut entraîner de lourdes pénalités s’ils ne sont pas respectés. 

On a aussi noté que, souvent, la façon de disposer ­adéquatement des carcasses des moutons et chèvres est méconnue. Cette disposition est aussi assujettie aux lois et aux règlements, tant municipaux, régionaux et provinciaux que fédéraux. Cela peut représenter un coût important pour l’éleveur, mais pour des considérations environnementales et de santé publique, et pour éviter la contamination vers la faune sauvage, il est primordial de s’y attarder, et de former et informer tous ceux qui ­gravitent autour de cette industrie. 

En conclusion, on remarque clairement l’importance pour l’industrie de pouvoir bénéficier d’une campagne PISAQ euthanasie instaurée par le MAPAQ.