Ma famille agricole 20 avril 2023

Retour chez soi, par des chemins de détour

Alberta, décembre 2009 : à plus de 3 000 km de leur Outaouais natal, Robbie Beck et Kristine Amyotte ont créé légalement leur entreprise. Ils allaient bientôt prendre le chemin du retour vers Shawville et démarrer leur production à la ferme laitière du grand-père de Robbie, avec 24 kg de quota et 24 jeunes vaches.

Shawville Le couple s’était installé dans l’Ouest canadien en 2006 « pour changer d’air ». « On s’est dit : ˝Pourquoi ne pas bâtir notre propre entreprise?˝ » se souvient Robbie, diplômé en agroéconomie et fils de producteur laitier. L’agriculture est une passion qu’il a toujours partagée avec Kristine, diplômée en finance et inspirée par ses oncles, propriétaires de petites fermes. « On a compris qu’on ferait de bons partenaires d’affaires », dit-elle.

Aujourd’hui, le couple gère un cheptel de 300 têtes, dont 135 en lactation, dans leur patelin majoritairement anglophone du sud-ouest de l’Outaouais. Mais l’histoire de leur ferme n’est pas linéaire. « Ce qu’on ne savait pas en 2010, c’est qu’on allait reprendre la ferme de mes parents en 2019, à 3 km de celle de mon grand-père », raconte Robbie.

Débuts à la dure

Le démarrage de 2010 a été exigeant. « On a commencé avec nos 24 taures de première lactation, note Kristine. Avec les états financiers, je voyais qu’on avait zéro latitude et que je devais ­travailler à l’extérieur. » 

Avec deux enfants, Thomas et Cadence, Robbie s’est consacré à la ferme et Kristine travaillait à temps complet à Financement agricole Canada à Gatineau, tout en aidant à l’étable. Ils ont maintenu ce rythme jusqu’à la fin de 2015.

 « J’étais fatiguée, se souvient Kristine. J’étais souvent sur la route. J’avais une carrière que j’aimais, mais… J’avais une décision à prendre. Soit on mettait plus de vaches en lactation et je travaillais moins, ou alors on ne faisait plus de lait.»

Le point tournant 

En 2016, ils ont choisi d’accroître la production et de construire plus de logettes pour leurs vaches attachées. Au même moment, les parents de Robbie ont annoncé qu’ils voulaient prendre leur retraite. Le transfert a abouti quatre ans plus tard.

Avec deux entreprises distinctes impliquées, le processus a été complexe. Le quota associé à la ferme de Robbie et Kristine a dû être vendu pour se conformer à la réglementation en vigueur.
« On était toujours en dehors de la boîte », résume Kristine, qui a pris un congé sans solde, avant de se consacrer définitivement à la ferme.

Finalement, tout est bien tombé en place. La hausse de la demande de lait a favorisé l’achat de quota en 2017 et l’étable de la ferme paternelle, convertie à la stabulation libre en 2008, a permis d’accueillir jusqu’à 200 kg. « On avait de la place pour croître », résume Robbie. La ferme dispose actuellement de 157 kg de quota.

Robbie Beck et Kristine Amyotte, copropriétaires. Photo : Nathalie Villeneuve

De grandes chaussures

La cadette du couple, Cadence, a maintenant 19 ans et étudie à l’Ontario Agricultural College. Son frère Thomas, 20 ans, a choisi d’étudier en management du sport. C’est Cadence qui reprendra le flambeau.

« J’ai de grandes chaussures à remplir », dit-elle, impressionnée par ses parents. « Ma mère qui était à toutes les rencontres de parents, aux activités et aux sorties scolaires, malgré son travail et la ferme. Mon père qui travaillait tout le temps. Ça me renverse! »

Comment voit-elle l’évolution future de la ferme? « Je ne sais pas encore, mais ça va se faire dans le respect de l’environnement », évoque-t-elle.

Pour ses parents, la priorité est de lui laisser une entreprise en santé financière et efficiente, qu’elle pourra développer à sa guise. D’ici là, « on fait de la croissance interne, illustre Kristine.  Acquisition de quota, mise à jour des équipements, gains d’efficacité. Ça va prendre le reste de notre carrière. »  

Fait maison

La « croissance interne », c’est faire mieux avec ce qu’on a déjà, décrit Kristine, qui souligne la grande créativité de son conjoint à ce chapitre. « On a remodelé un bâtiment qu’on avait déjà pour nos vaches taries, illustre Robbie. J’ai aussi reconverti une remorque à conteneurs, trouvée à l’encan, en voiture à foin. Elle est plus longue que la normale, mais ça m’a coûté une fraction du prix. » Ce qui comble l’experte en finance Kristine? « On a plus de liquidités pour acheter de l’équipement quand c’est vraiment nécessaire. » 

Les vaches taries, autrefois attachées dans l’étable de traite, sont maintenant libres dans un bâtiment reconverti pour elles. Photo : Nathalie Villeneuve

3 conseils pour… bâtir une super équipe

Recrutement

« On essaie de créer une équipe », explique Robbie. « The Amazing Team », peut-on lire sur les chandails portés par les employés. Pour faire partie de la «  Super équipe », il faut aimer son travail. Sans compter Kristine, Robbie et ses parents, qui sont encore actifs à la ferme, l’équipe peut atteindre jusqu’à 11 personnes l’été, dont Cadence et son copain Josh.

Rétention

La flexibilité est une clé pour retenir les employés, notamment les étudiants. « On essaie de les accommoder en aménageant les horaires », dit Kristine. « Un bon gestionnaire devrait être la personne la moins importante de l’équipe », ajoute Robbie, pour qui investir dans l’équipe permet de déléguer et de donner aux employés la chance d’apprendre et de se réaliser.

Milieu stimulant et agréable

« Notre environnement de travail est un lieu où on est efficace, mais où on peut aussi rire », décrit Kristine. Deux groupes de discussion en ligne ont été créés : un pour les choses sérieuses (problèmes à l’étable, vache sur le point de vêler, etc.), et un pour les discussions de « machine à café ». Deux fois l’an, les employés célèbrent leurs succès, partagent un repas et font la fête.

Cadence Beck, 19 ans, assurera la relève de la ferme. Photo : Gracieuseté de la ferme Robbie Beck
Fiche technique 🐄🌾
Nom de la ferme :

Les Fermes Robbie Beck

Spécialités :

Production laitière et grandes cultures

Année de fondation :

1972

Noms des propriétaires :

Robbie Beck et Kristine Amyotte

Nombre de générations :

2

Superficie en culture :

770 hectares

Cheptel

300 vaches Holstein, dont 135 en lactation


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