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SAINTE-PÉTRONILLE – Depuis un an et demi, Simon Plante est l’unique actionnaire de l’entreprise Polyculture Plante, une entreprise maraîchère qui n’a cessé de croître depuis que ses parents, Pierre et Huguette, y ont investi tous leurs avoirs, dans les années 1980. Une croissance soutenue que pilote désormais Simon, nommé Jeunes agriculteurs d’élite de la section Québec avec sa conjointe Alison Blouin, un titre qui vaudra d’ailleurs au couple de participer à la finale nationale du concours en Alberta, à la fin novembre.
Le soleil plombe sur le toit du kiosque du Marché Plante, situé à quelques minutes à peine du pont de l’île d’Orléans. En ce début septembre, c’est l’abondance sur les étalages et la clientèle est au rendez-vous. Les touristes étrangers se mêlent aux insulaires et résidents de Québec, cette grande ville voisine. Au fond du commerce, un mur pique la curiosité : un organigramme avec les photos des 114 travailleurs étrangers qui arrivent chaque printemps ainsi que leur nombre d’années de service au sein de l’entreprise. Certains y travaillent depuis plus de quinze ans et les duos père-fils ne sont pas rares. Une main-d’œuvre sans qui l’entreprise fermerait ses portes.
De l’autre côté de la rue, la maison où Pierre a grandi est toujours debout. Sa conjointe, Huguette Ferland, et lui y habitent huit mois par année, et partent pour la Floride dès que l’hiver s’installe. Si le couple n’aurait pu prédire l’ampleur qu’a prise aujourd’hui l’entreprise qu’il a fondée il y a quarante ans, sa plus grande fierté réside dans le fait d’avoir pu mettre la main sur cette terre convoitée de Sainte-Pétronille au milieu des années 1980. « Pour te donner une idée, je l’ai payée 350 000 $. À l’époque, c’était de l’argent », illustre-t-il. Sans compter que Pierre et Huguette, qui travaillaient respectivement comme mécanicien et secrétaire, n’en avaient pas tant d’épargné à ce moment-là.
Un chemin inusité vers l’accès à la propriété
Pierre a beau être né dans cette maison, le domaine appartenait alors à des investisseurs qui ne résidaient pas sur l’île. Les propriétaires, un armateur d’origine grecque résidant à Montréal et un avocat québécois, avaient embauché Maurice Plante, le père de Pierre, pour s’occuper de la terre et de la maison ancestrale. Maurice y a planté 1 200 pommiers dans les années 1940 en plus d’y élever quelques vaches laitières. Bien que le jeune Pierre caressait le rêve de devenir un jour agriculteur à son tour, la terre semblait inaccessible… jusqu’à ce que l’armateur décède et que sa fille décide de s’en départir. « Elle voulait vendre vite pour s’acheter un bloc à Westmount », se rappelle Pierre.
Huguette et lui habitaient alors ailleurs sur l’île. Ils ont vendu leur maison pour constituer la mise de fonds. « Elle nous a financé le reste à 10 % d’intérêt. On a pu acheter une première partie, puis le restant quelques années plus tard », ajoute-t-il. Trois ans à peine après l’achat, Pierre a quitté son emploi de mécanicien et a sauté à pieds joints dans l’aventure, plantant d’abord des framboisiers et des fraisiers.
Les décennies qui ont suivi ont fait place à une série d’investissements et de risques calculés. « On attendait toujours en juin pour voir si on allait avoir une bonne saison avant d’investir de nouveau », explique Huguette. En 2009, à l’âge de 19 ans, Simon a joint les rangs de l’entreprise. « Depuis, on a acheté deux terres, on en a loué d’autres et les revenus ont été multipliés par quatre ou six », soutient-il.
L’agriculteur, qui se considère d’abord et avant tout comme un gestionnaire, s’occupe du financement, de la mise en marché et de prévoir le rendement des cultures. Un immense casse-tête. Car si le kiosque est grand, ce point de vente ne constitue qu’une infime partie de la mise en marché de la ferme. La majorité de ce qui est produit ici prend la route de Québec, du Saguenay–Lac-Saint-Jean, de l’Ontario et même des États-Unis.
Tous les matins, Alison, la conjointe de Simon, supervise les équipes s’activant dans les champs répartis dans trois villages de l’île. Elle-même originaire de Saint-Laurent-de-l’île-d’Orléans, elle a joint l’entreprise il y a deux ans, après avoir commencé dans les cultures d’asperge du coin et appris l’espagnol auprès de ses collègues mexicains et guatémaltèques.
Elle apprend maintenant la gestion des ressources humaines avec son beau-père Pierre, qui a toujours autant de plaisir à voir les employés évoluer. « Certains travailleurs n’avaient pas confiance en eux et ils ont beaucoup changé. Je n’en reviens pas! Maintenant, ils conduisent des tracteurs et construisent des serres. C’est mon plaisir de les voir aller et de leur apprendre des choses! » lance-t-il avec enthousiasme.
Malgré le transfert d’entreprise officialisé il y a un an et demi, Pierre et Huguette n’ont visiblement pas diminué leur implication à la ferme, Huguette prenant toujours en charge la comptabilité. « Cela n’a absolument rien changé », affirme-t-elle.
Le bon coup de l’entreprise
Il y a huit ans, les Plante ont opté pour la culture hors-sol pour une portion de leurs framboisiers, et ils ne reviendraient pas en arrière. Le rendement des plants, maintenant en pots sous des tunnels non chauffés, a été multiplié par quatre, sans compter une meilleure conservation et un plus grand contrôle des impondérables : maladies, gels, transport. Simon a entrepris, cette année, de convertir également les cultures de fraises. Un hectare de fraises au champ – sur un total de 120 – est maintenant suspendu sous les tunnels et 0,68 hectare supplémentaire le sera aussi l’an prochain. « C’est un investissement important, alors on doit attendre de bien contrôler le tout avant d’en faire davantage », explique Simon.
3 conseils pour… durer comme entreprise agricole
Ne pas uniquement viser les profits
Selon Simon Plante, il faut éviter d’avoir seulement une vision comptable de l’entreprise et de ne prendre des décisions qu’en fonction des profits. Prendre en compte le bien-être des employés et le plaisir au travail est aussi important parce que les profits ne sont pas toujours immédiatement au rendez-vous. « Les décisions que tu vois qui sont bonnes paient dix ans plus tard », juge-t-il.
Contrôler le plus d’éléments possible, comme le transport
Polyculture Plante possède deux camions dix roues et gère ainsi la livraison de ses produits. Une façon de s’assurer que la marchandise sera livrée dans les délais sans être endommagée. « Avoir nos camions et nos chauffeurs, c’est plus une tranquillité d’esprit qu’une économie. Ton truck, s’il ne livre pas à temps, on ne t’en commandera pas plus après », explique Simon.
Ne pas s’asseoir sur ses lauriers
La famille est unanime : rester à l’affût des innovations et se renouveler est indispensable. « La journée où tu t’assois sur ce que tu as et n’investis plus pendant deux ou trois ans, c’est là que ça s’arrête. Tous ceux que je connais qui ont fait ça ne sont plus là aujourd’hui », mentionne Pierre Plante.
Fiche technique | |
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Nom de la ferme : | Polyculture Plante 1987 |
Spécialités : | Fraises (d’été et d’automne), framboises, bleuets, pommes, tomates, maïs sucré, courges et sirop d’érable |
Année de fondation : | 1987 |
Nom du propriétaire : | Simon Plante |
Nombre de générations : | 3 |
Superficie en culture : | 327 acres (132 hectares) |
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