Actualités 31 janvier 2022

L’agroécologie pour une agriculture plus durable

Nombreux sont les jeunes qui choisissent d’étudier en agriculture dans le but de prendre la relève de la ferme familiale ou de démarrer leur propre entreprise agricole. Ils savent que leur parcours sera parsemé d’écueils, notamment en raison des changements ­climatiques et de la pénurie de main-d’œuvre, mais heureusement, ils sont motivés et résilients.

Pour aider ses étudiants, futurs entrepreneurs agricoles, à réussir tout en respectant leurs valeurs, le Cégep de Lévis a choisi de les sensibiliser à l’agroécologie. Différents projets ont déjà été réalisés et récemment, avec l’aide de l’agronome Louis Pérusse, l’équipe départementale du programme Gestion et technologies d’entreprise agricole a entrepris l’implantation d’un système de culture sous couvert végétal à la ferme-école du cégep. Ce système, baptisé l’approche SCV, repose sur trois principes : l’absence de travail du sol, une couverture végétale permanente (plantes de service) et au moins trois cultures en rotation. Les étudiants et les agriculteurs de la région pourront donc bientôt se familiariser avec cette approche innovante, qui a pour effet, entre autres, de séquestrer le carbone dans le sol.

Nourrir le sol

Pour Louis Pérusse, l’absence de travail des sols définit concrètement l’agroécologie : « Quand tu laboures un sol, tu le dénatures. » En agroécologie, on nourrit le sol et non la plante. « En nourrissant le sol, la chaîne alimentaire va relâcher de l’azote et plein de micronutriments », précise-t-il. En bref, un sol en santé est bien aéré, bien drainé et riche en microorganismes. L’agronome accompagne des producteurs de partout au Québec, dont plusieurs pratiquent une agriculture biologique. « La réduction de pesticides, on est en train de la documenter. On est déjà beaucoup plus diversifiés. Dans les grandes cultures, les producteurs sous couvert végétal ont en général trois cultures, et parfois quatre ou cinq. On intensifie la production, mais ­écologiquement », précise-t-il.

À la lumière de ces résultats, Louis Pérusse note ­plusieurs avantages à moyen et à long terme :

  • Meilleurs infiltration et stockage de l’eau dans les sols, réduction de l’évaporation;
  • Meilleure gestion des adventices;
  • Amélioration de la fertilité et de la structure des sols grâce à la réduction radicale du nombre d’opérations au champ;
  • Élimination des problèmes d’érosion et production de fourrages plus performants grâce à un mélange de plantes de couverture multiespèces (entraînant une diminution des besoins de suppléments et de concentrés pour certains);
  • Réduction des dépenses liées à la machinerie;
  • Réduction des besoins de main-d’œuvre;
  • Réduction de l’utilisation et de la dépendance aux engrais et aux pesticides;
  • Diminution du stress des producteurs en raison d’une meilleure répartition des tâches en saison.

Vers une agriculture plus durable

Selon la publication du gouvernement du Québec intitulée Inventaire québécois des émissions de gaz à effet de serre en 2019 et leur évolution depuis 1990, l’agriculture était responsable de 9,2 % des émissions de gaz à effet de serre (GES) en 2019. La gestion des sols agricoles et les pratiques culturales représentaient près du tiers (31,5 %) de ces émissions. Dans son plan Agir, pour une agriculture durable 2020-2030, le gouvernement a déterminé cinq objectifs mesurables pour tendre vers une agriculture plus durable. Les étudiants, entrepreneurs agricoles de demain, seront inévitablement mis à contribution. Dans ce contexte, pour les aider à réussir leurs projets d’affaires et à se réaliser, les établissements d’enseignement ont la responsabilité de les accompagner, notamment en multipliant les occasions de leur faire découvrir des pratiques novatrices et respectueuses de l’environnement.

Pour plus de détails sur le plan Agir, pour une ­agriculture durable 2020-2030 du ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation (MAPAQ), consultez le bit.ly/3Aa7VkS. 

Nathalie Gagné, agr., professeure au Cégep de Lévis et coordonnatrice du programme Gestion et technologies d’entreprise agricole