Page conseils 11 décembre 2023

La science au service de la santé publique : Clostridium perfringens entérotoxinogène

Malgré que l’Agence de santé publique du Canada rapporte que plus de 4 millions de Canadiens se retrouvent chaque année aux prises avec une intoxication d’origine alimentaire, bien peu de ceux-ci iront jusqu’à s’intéresser à l’agent infectieux responsable de leur maladie, ou même à la source de cette exposition. Les enquêtes épidémiologiques représentent le pilier central de l’investigation des toxi-infections alimentaires (TIA) et ce sont ces enquêtes qui ont permis de positionner les bactéries zoonotiques Salmonella et Campylobacter comme bons premiers dans les causes de maladies d’origine alimentaire au pays.

La recherche faite au cours des dernières années a parallèlement pu mettre en évidence les principaux réservoirs alimentaires de ces deux pathogènes, avec la viande de volaille représentant une source principale. Toutefois, ces études visant à faciliter l’identification des sources demeurent à ce jour pratiquement absentes pour Clostridium perfringens entérotoxinogène, le 3e joueur de ce trio bactérien zoonotique ­causant le plus grand nombre de TIA. Pourquoi?

Des caractéristiques uniques à C. perfringens entérotoxinogène

La recherche a permis de mettre en évidence certaines particularités de C. perfringens entérotoxinogène. Entre autres, cette sous-population zoonotique ne représenterait que 1 % de la population globale de C. perfringens, elle étant sans danger pour la santé humaine. De plus, en laboratoire, aucune approche ne permet actuellement d’isoler de manière sélective C. perfringens entérotoxinogène à partir d’un spécimen qui servirait à documenter un cas de TIA par exemple. Au final, c’est presque comme chercher une aiguille dans une botte de foin!  

Des travaux prometteurs pour décrire les réservoirs de C. perfringens entérotoxinogène

À la lumière de ses travaux de recherche récents, la Chaire de recherche en salubrité des viandes (CRSV) de la Faculté de médecine vétérinaire, dont la mission principale est de soutenir les industries animales et alimentaires, a développé récemment une approche réalisée en laboratoire et reposant sur des étapes d’enrichissement en milieu sélectif, de réaction de polymérisation en chaîne (PCR), de croissance sur milieu sélectif et d’hybridation sur colonie afin de mieux décrire les réservoirs alimentaires de C. perfringens entérotoxinogène.

Les résultats obtenus ont montré que jusqu’à 25 % des carcasses de poulets de chair quittant l’abattoir pour être soit vendues directement au supermarché, soit transformées, ont obtenu un résultat positif signalant la présence du pathogène.

En examinant de plus près les sources d’entrée potentielles de C. perfringens entérotoxinogène le long de la chaîne de production de cette viande de poulet, il apparaît que la volaille servirait de niche écologique pour cette bactérie zoonotique. Celle-ci a été identifiée à partir des oiseaux reproducteurs, du couvoir, de la moulée, de la ferme d’élevage et des cageots de transport. Les analyses de caractérisation génétique qui sont en cours viendront documenter le lien de parentalité entre les souches de C. perfringens entérotoxinogène isolées afin de mieux retracer leur source.  


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