Qui peut résister à l’odeur suave des lilas, ou Syringa de leur nom latin? Je me rappelle chez mon père, sur le coin de la maison, le merveilleux lilas qui embaumait toutes les pièces de la demeure. Mon père l’avait planté avec toute l’attention que l’on pouvait donner à un jeune drageon de lilas.

Ce sont des végétaux faciles qui drageonnent très facilement. Pour les multiplier, il suffit de prélever une nouvelle tige qui pousse au pied, au printemps. Il était donc d’usage d’en donner à toutes nos connaissances. Du temps de nos grands-parents, on n’achetait pas grand-chose. Le train de vie était bien différent d’aujourd’hui. 

Mais posséder un lilas sur son terrain était une joie que tout le monde pouvait s’offrir. À chaque porte, dans ce temps-là, on voyait cet arbre planté près du solage des maisons. Nos aïeux savaient comment les traiter. Une bonne couche de fumier de vache pourri d’un an, au pied de chaque lilas au printemps, et une bonne terre brune qui retient l’eau. Rien de plus pour avoir de beaux Syringas. Et chez nous, il y en avait beaucoup. On en mettait toujours un bouquet sur la table. C’était comme le lancement des odeurs d’été. J’adorais cela.  

Quand, jeunes mariés, mon conjoint et moi avons décidé de nous construire une maison, c’est le premier arbre que j’ai planté. Un magnifique Syringa vulgaris, ou lilas commun, comme on dit. Mais ma passion ne s’est pas arrêtée là. 

En devenant horticultrice, j’ai eu accès à un immense choix de lilas. Je me suis mise à feuilleter plusieurs catalogues de producteurs de Syringa, tous plus beaux les uns que les autres. Pourquoi me contenter d’une seule sorte quand je pouvais étirer la fleuraison des lilas de la fin mai au début juillet?

J’aimerais vous présenter ici mes coups de cœur. Premièrement, le « Président Grevy », un lilas double de type français avec une teinte plus bleutée que le vulgaris. Ensuite, le « Madame Lemoine », un autre lilas double, mais de couleur blanche, superbe planté près d’un pommetier décoratif rose.

Il ne faudrait pas que j’oublie le lilas « Beauté de Moscou » avec ses fleurs doubles d’un rose très tendre. Mais mon préféré est sans contredit « Pocahontas », d’un bourgogne marginé de blanc, un succès assuré dans votre cour. 

Pour les amateurs de lilas miniatures, les lilas nains de Corée ou « Miss Kim » sont idéals en arbustes ou sur tige. Et pour clore le bal, le merveilleux lilas « Ivory Silk » blanc qui fleurit fin juin, début juillet. Vous voyez, nous sommes loin de la courte période de fleuraison de nos grands-mères. 

Beaucoup me demandent : « Marthe, faut-il enlever les fleurs quand elles sont fanées? » Je leur réponds que ce n’est qu’une question d’esthétique.   

Alors si vous aimez, comme moi, les lilas, faites-en une collection et vous ne serez pas déçu. En passant, j’ai neuf variétés différentes. N’en soyez pas jaloux.