Nos grands-parents étaient des gens bien avisés. En plus de planter, dans leur potager, les légumes que nous connaissons bien, comme les fèves et les carottes, ils cultivaient des légumes perpétuels. Je vous entends d’ici me dire : « C’est quoi ça? »

Un légume perpétuel est une vivace. Je commencerai par vous parler de la rhubarbe, qu’on connaît bien. Toutes les anciennes maisons en avaient une ou deux talles. Sortant de terre très tôt le printemps, la rhubarbe était consommée en purée, en tarte ou en confiture. Qui de nous n’a pas, enfant, mangé ce délice avec du sucre blanc?


 Rhubarbe. Photo : Shutterstock

La rhubarbe a besoin d’une terre meuble. Ses racines peuvent facilement atteindre de 50 à 60 cm de profondeur. Elle adore les fumiers. Donc, chaque printemps, je mets à son pied une bonne couche de fumier de vache pourri. Elle a besoin de beaucoup d’eau, surtout en période de croissance. Quand vous voulez consommer ses tiges, ne les coupez pas. Il faut tirer pour les détacher du plant, car le bourgeon de la nouvelle tige se trouvera ainsi dégagé et prêt à pousser. Si vous laissez un bout en le coupant, ce bourgeon ne verra pas le jour.

Mes petits oignons  

Viennent ensuite, pour nos perpétuelles, les oignons de Sainte-Anne. Ces petits oignons vivaces repoussent spontanément au printemps, et on les consomme au mois de mai. Plus tard, en juin, leur goût est plus prononcé. On les mange et on les apprête exactement comme des échalotes françaises. Les plus gros seront replantés à la fête de la bonne Sainte-Anne, le 26 juillet, d’où leur nom populaire, pour la récolte suivante. Pensez-y : ce sont souvent les premiers légumes prêts, quand les semences extérieures ne sont pas encore commencées pour la plupart d’entre nous.

On retrouve aussi, dans cette famille, l’oignon égyptien. Comme son proche parent, il est vivace, mais se reproduit de façon différente. Ce légume fait ses bulbes nouveaux au sommet de ses tiges. On voit apparaître les petits oignons à la fin juin. On peut soit les planter ailleurs au jardin, soit laisser faire la nature, qui les replante d’elle-même quand la tige qui les porte sèche vers l’automne et fait tomber les petits bulbes au sol. On peut le consommer très tôt au printemps. Pour ma part, je commence en mai. N’ayez pas peur d’en enlever, car il se reproduit de façon assez agressive.


  Topinambour. Photo : Shutterstock

Le topinambour est aussi très intéressant. Ses rhizomes ont un goût de noisette. Il pousse dans n’importe quelle terre. Il n’est pas exigeant en engrais et ne nécessite que très peu de soins. Au printemps, prélevez la moitié pour consommation afin d’éviter qu’il accapare une grande partie de votre potager. C’est un agressif; il est vraiment vigoureux.


 
Livèche. Photo : Shutterstock

Je terminerai avec un de mes préférés, la livèche ou – comme on dit par chez nous – le « vieux céleri ». Cette magnifique vivace a un goût très prononcé de céleri. En potage ou en salade, elle est formidable. D’une hauteur maximale d’environ 90 cm, elle aime une terre qui retient l’humidité. La livèche se ressème très facilement. On peut commencer à consommer ses feuilles à la fin mai. C’est un incontournable dans le jardin.

Avoir une ou plusieurs de ces merveilles chez soi, c’est se donner un peu d’autonomie alimentaire.