Histoires de relève 11 octobre 2023

Quelle reconnaissance pour les cultures alternatives?

Mon arrière-grand-mère était une herboriste qui cultivait les plantes médicinales pour soigner humains et animaux des villages alentour. Propriétaire de grandes terres, elle élevait des animaux et travaillait le sol.

En 2019, ma mère et moi, qui rêvions de ramener la ferme de son enfance à la vie, nous sommes lancées dans la culture et la transformation des plantes médicinales, la production de tisanes. En 4 ans, nous avons atteint une rentabilité permettant de faire vivre notre équipe de 4 personnes.

En reprenant le modèle agricole de mon arrière-grand-mère et en le mettant à notre image, on a fait face à un défi auquel on ne s’était pas attendu : celui de ne pas être prises au sérieux en tant que productrices agricoles.

Parce qu’on exploite une production alternative, les gens pensent que nous ne sommes pas de vraies agricultrices. Pourtant, on fait face aux mêmes défis que des maraîchers traditionnels, on possède le même bagage d’expérience et de connaissances.

Est-ce que ça fonctionne vraiment? Combien de personnes nous ont posé cette question que personne ne poserait à quelqu’un qui vend des légumes?

Les plantes ne poussent pas d’elles-mêmes, il y a des agriculteurs qui les cultivent. Au Québec, on importe les plantes médicinales par millions de tonnes chaque année de l’étranger, alors pourquoi ces productions ne reçoivent-elle pas une reconnaissance juste au même titre que des productions conventionnelles? Si j’ai des légumes sur ma table au marché, dans ma description d’entreprise, qu’importe si j’exploite 10 000 pieds2  de terre ou 10 hectares, on me considérera d’emblée comme une productrice agricole et on me parlera comme telle. 

Alors que si je dis que je produis des plantes médicinales, je dois expliquer, justifier que je suis agricultrice, que mon entreprise est sérieuse, qu’elle a un réel potentiel. Pourtant, que ce soit une tisane ou une tomate sur la table, il y a le même travail.

On fait face aux aléas de la météo, aux ravageurs, aux maladies, on calcule les rendements et on travaille sans compter les heures, 365 jours par année… Et pourtant, on ne sera jamais autant agriculteur que si on vendait des légumes. 

À quand la reconnaissance pour les fermes qui exploitent des productions alternatives?  


En collaboration avec
la Fédération de la relève agricole du Québec