Les polygastriques, c’est-à-dire les animaux ayant la capacité de bien utiliser les nutriments des fourrages, sont montrés du doigt dans la lutte contre les gaz à effet de serre (GES). C’est un fait, les vaches et autres ruminants produisent du méthane. C’est lors de la digestion microbienne des fourrages que la production de méthane se crée. Est-ce que la cause du problème peut être la solution? 

Les polygastriques font partie du cycle du carbone : les animaux mangent l’herbe et produisent du fumier que les producteurs retourneront aux champs comme fertilisant. Pour croître, les plantes s’en nourrissent, captent le gaz carbonique (CO2) de l’air et le stockent dans le sol. Donc, l’utilisation des fourrages permet de capter le carbone, mais contribue à produire du méthane. En fait, plus le fourrage est fibreux et demande du travail aux micro-organismes, plus la production de méthane augmente. La récolte de fourrage plus digestible, soit selon la date de récolte et le type de plante, augmente l’efficacité alimentaire. Cela améliore la production de lait ou de viande tout en diminuant la production de méthane. Pour le producteur, cela se traduit par plus de profit, et pour mère Nature, plus de captation de carbone par les plantes qui sont en constante croissance. C’est à ce stade qu’elles emmagasinent le plus. L’utilisation de pâturage intensif est aussi une solution profitable, car les animaux récoltent, produisent et fertilisent, ce qui mène à une réduction des passages de machinerie; moins de GES, plus de profit! 

Parmi les GES les plus nuisibles, l’oxyde nitreux (N2O) nous intéresse particulièrement en agriculture. En effet, dans le cycle de l’azote, élément essentiel à la croissance des plantes, si celui-ci n’est pas capté par des racines vivantes, il risque de se perdre dans l’environnement par lessivage ou volatilisation sous forme de N2O, entre autres. Les fumiers et les engrais sont donc potentiellement responsables de ces pertes, car ils en contiennent beaucoup. Pour limiter les pertes, l’idée est fort simple : les plantes doivent capter l’azote. Différentes pratiques, telles que les cultures de couverture et les bandes riveraines, permettent de conserver les nitrates dans le sol par les racines vivantes des plantes. Les prairies sont donc aussi mises à contribution. La bonne gestion des amendements est essentielle. De plus en plus de producteurs constatent qu’un sol en santé est plus résilient et donc essentiel à la rentabilité de leur entreprise. Non seulement il protège leurs investissements, mais il assure aussi la durabilité de l’agriculture en séquestrant les GES. 

D’autres outils sont disponibles afin de rentabiliser une bonne action. Par exemple, la sélection génétique permet de choisir des géniteurs avec une meilleure conversion alimentaire. Depuis peu, en production laitière, il y a un critère pour que les futures productrices produisent moins de GES. 

Tel que mentionné dans l’édition de La Terre de chez nous du 26 avril 2023, où Étienne Brodeur Bond, du Ranch Clifton, nous parlait du programme Agriclimat, la connaissance du bilan carbone des entreprises agricoles ouvre à plusieurs solutions afin d’améliorer le sort de la planète et d’en tirer un avantage économique.