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Que se passerait-il si on réunissait toutes les théories d’élevage et de gestion des pâturages, qu’on les mélangeait aux pratiques de captation de carbone et qu’on observait le résultat sur le terrain? Émilie Soto et Mathieu Classens, un couple d’éleveurs de bovins de boucherie de la Montérégie ayant reçu la communauté de pâturage le 12 juillet dans le cadre des Journées sur l’innovation et le progrès en agroalimentaire du Centre-du-Québec – Pâturages à la ferme, tentent d’y répondre grâce à leur projet La Balzane_Sol vivant à l’œuvre.
Depuis deux ans, le Fonds d’action à la ferme pour le climat, soutenu par l’Association canadienne pour les plantes fourragères (ACPF), s’est associé avec Émilie et Mathieu pour mettre sur pied un site de démonstration en gestion avant-gardiste des pâturages. Par l’entremise de ce projet, ils souhaitent offrir à la communauté agricole un lieu de partage de connaissances inclusif pour tous ceux et celles qui souhaitent s’ancrer dans leurs valeurs en adoptant des pratiques de gestion bénéfiques.
Étant donné l’expertise de sa famille en engraissement de bovins de boucherie depuis trois générations, il était tout naturel pour Mathieu de mettre en branle ce projet de ferme biodiversifiée par le volet de l’élevage au pâturage. La Balzane_Sol vivant à l’œuvre a ainsi vu le jour avec la transformation de 42 acres de terre en pâturages rotatifs, à Saint-Simon, en Montérégie. Notamment en raison de sa formation en permaculture, Émilie chérit également l’idée de consacrer une partie de la superficie au maraîchage biologique. Les propriétaires songent aussi à intégrer d’autres élevages au site dans le futur.
Plusieurs apprentissages depuis deux ans
Plusieurs travaux ont eu lieu depuis 2022. Le couple a planté 1 000 arbres et arbustes à l’automne en haies brise-vent et bandes riveraines élargies le long du ruisseau Vandal. Une clôture électrifiée et une ligne d’eau ont suivi au printemps 2023. Un mélange fourrager composé de 11 espèces annuelles et 9 espèces pérennes a été implanté cette même année. Le semis dans cette parcelle visait à tester la résilience et le rendement des prairies consacrés à une gestion intensive au cours de sa première année de mise en œuvre.
La prise de poids de la cinquantaine de bovins se déroulait bien jusqu’à ce que la quantité importante de précipitations reçue nuise considérablement à la portance du sol et au système racinaire des végétaux des jeunes prairies. Bien que le couple ait dû retirer la moitié d’entre eux, la première saison fût un succès et s’acheva avec 25 bouvillons, offrant un magnifique produit fini en boucherie.
Ce printemps, un troupeau un peu moins nombreux a été mis au pâturage afin de donner toutes les chances au sursemis effectué en début de saison. À la mi-juillet, la troisième rotation des champs est quasi complétée. Une partie de la prairie a été fauchée et une autre devait être ensilée. La pesée n’a pas encore eu lieu, mais le gain de poids est satisfaisant. Le couple a également constaté une biodiversité plus riche et les échantillons de sol sont prometteurs.