Attention : sujet chaud, peut-être même explosif! Afin d’aborder le tout avec le plus de diplomatie possible, il convient d’entrée de jeu de dire que tout le monde n’est ­évidemment pas dans le même bateau. Toutefois, je serais tentée de dire : « Si le chapeau vous fait, mettez-le. » 

On le sait, le besoin de main-d’œuvre est criant. La solution de plusieurs entreprises est donc de se tourner vers les travailleurs étrangers, et c’est bien correct. Mais sérieusement, il faut s’attaquer aux bavures, aux excès, et espérer corriger le tir avant qu’il y ait d’autres manchettes de journaux décriant que des travailleurs étrangers temporaires (TET) sont malmenés dans le monde agricole. Ça, c’est en partie mon rôle, mais c’est aussi le vôtre. 

Heureusement, ça ne m’arrive pas souvent, mais j’ai entendu des phrases qui écorchent mes oreilles : « On a commandé des Guats », « Je fais faire mes jobs plates à mes TET », « Sont contents, eux autres, de travailler 6 jours et demi par semaine », « Pour nous, ça aurait été hors de question ­d’habiter dans de quoi d’aussi délabré, mais pour eux, ça sera parfait », « On leur fait une faveur de les faire travailler, y s’attendent quand même pas à se faire dorloter ». 

Qu’on ait pigé le bon numéro à la loterie de la vie en naissant dans un pays comme le nôtre ou que l’on soit moins privilégié, tout le monde mérite le respect de son intégrité et de sa dignité.

Est-ce que de telles phrases font partie de votre vocabulaire? Les avez-vous déjà entendues sans rien rétorquer? Vous et moi, on commence à se connaître assez bien pour ne plus passer par quatre chemins. Tenir des propos comme ceux-là relève de l’ordre du racisme et de la xénophobie. 

Selon le Larousse, racisme signifie : « idéologie fondée sur la croyance qu’il existe une hiérarchie entre les groupes humains » et xénophobie : « hostilité manifestée à l’égard des étrangers ». Dans certains cas, j’irais même jusqu’à affirmer qu’on est dans du suprémacisme : « idéologie qui postule la supériorité d’un peuple ou d’une civilisation sur tous les autres ». Vous ne trouvez pas que les définitions résonnent avec les phrases que j’ai nommées plus haut? 

Quand certaines personnes ne font pas attention, ni à leurs gestes ni à leurs mots, ça finit que ce sont toutes les autres qui paient. Tous les autres producteurs et productrices qui considèrent les TET comme des membres de la famille passent dans le même tordeur, et ça, c’est vraiment dommage. 

Qu’on se le tienne pour dit, la main-d’œuvre, c’est précieux, mais l’humain derrière l’est encore plus. Qu’on ait pigé le bon numéro à la loterie de la vie en naissant dans un pays comme le nôtre ou que l’on soit moins privilégié, tout le monde mérite le respect de son intégrité et de sa dignité. 

Dans le même ordre d’idées, mettez-vous à la place des gens qui viennent ici dans l’espoir d’un avenir meilleur alors qu’on ne leur réserve que les « jobs de merde ». On connaît tous des gens qui auraient lâché pour moins que ça. Ne devrait-on pas se serrer les coudes et faire mieux tous ensemble? Ce n’est pas un secret, sans TET, un nombre assez épeurant de fermes vont devoir cesser leurs activités. A-t-on vraiment les moyens de perdre encore plus d’entreprises agricoles? 

En tant que travailleuse de rang, il m’arrive parfois d’être témoin de situations délicates. Certains TET ne se sentent pas toujours à l’aise ou ne connaissent pas toujours des ressources autour d’eux. Vous pourriez vous recadrer, « entre vous », et suggérer de l’aide à vos employés, si besoin est. 

Les « jokes-pas-jokes » sur vos travailleurs étrangers, c’est non. Ça nourrit une culture péjorative et finit par contribuer aux dérives en nous laissant dans un rôle de complice. « Qui ne dit mot consent ». Aujourd’hui, je choisis de dire « c’est assez » aux propos racistes et xénophobes. Et vous?


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