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Avez-vous l’impression que, collectivement, les gens sont de plus en plus frustrés? Je trouve que oui, et visiblement, je ne suis pas la seule. Le sujet du jour puise son inspiration de la série documentaire En crisse sur TOU.TV. J’ai cru bon de vous présenter un peu de son contenu, tout en y ajoutant mon p’tit grain de sel, saveur Fraser!
Qu’est-ce qui fait qu’aujourd’hui, les gens « en crisse » ont l’air d’être très « en crisse »? La réponse est complexe, mais de plus en plus documentée. Cela serait attribuable, entre autres, à la pandémie, à la hausse du coût de la vie et aux difficultés financières. Tout ça, exacerbé par les réseaux sociaux. En effet, la colère est particulièrement visible sur les réseaux sociaux, exprimée par des gens cachés derrière leur écran. Et par la pression de performance. On court après notre temps, on est stressé, on est en retard et on passe sa colère sur les personnes sur notre chemin.
Or, être en colère, ça laisse des traces. Je ne parle pas seulement des conséquences physiques sur le corps, mais des dégâts que l’on doit ramasser après, une fois que la colère est sortie et que nous l’avons déversée au sein d’une relation. En l’exprimant un peu tout croche, on risque de se mettre des gens à dos, des gens qu’on aime, de faire mal aux autres et à soi-même. On n’est clairement pas imperméable à la colère exprimée par autrui.
Il n’y a pas si longtemps, à l’époque des lettres manuscrites, il fallait du temps pour « envoyer promener » quelqu’un. Mettre par écrit ses sentiments sur papier et se déplacer pour déposer sa lettre à la poste réduisaient les gestes impulsifs. Ça donnait davantage de temps pour se questionner sur la pertinence de ce qu’on avait à dire.
Mais qu’est-ce qu’on fait quand on se sent « en crisse »? Premièrement, il faut normaliser et écouter cette émotion. Lui laisser l’espace pour exister en toute bienveillance, tant envers soi qu’envers les autres. On peut utiliser le silence jusqu’à ce que notre colère décante de façon à parler dans le respect. Lorsque nous sommes en présence d’autres humains, il est important de prendre un pas de recul sur notre colère. Avant de s’exprimer, on peut filtrer ce qu’on veut dire à travers les trois passoires de Socrate : est-ce que ce que j’ai à dire est vrai, bienveillant et utile? Ensuite, il est intéressant d’effectuer un travail d’introspection pour aller creuser dans les causes. Qu’est-ce que notre colère cache? Parfois, cette étape peut impliquer d’aller chercher des ressources professionnelles pour s’aider à se dérager, pour exprimer sa frustration de manière plus saine. J’ai aussi envie de vous inviter à décrocher des réseaux sociaux. Une petite pause d’exposition au crachoir de haine ne peut pas nuire!
Revenons à la colère collective. Il est vrai que ce ne sont pas les raisons de s’indigner collectivement qui manquent. Des sentiments d’injustice, d’iniquité, d’être des laissés-pour-compte peuvent générer une colère légitime. D’ailleurs, la colère peut être un puissant moteur de changement. Toutefois, il faut apprendre à la canaliser, la transformer en quelque chose de constructif. Plutôt que de demeurer dans un sentiment d’impuissance qui nous pousse à nous défouler de manière toxique, pourquoi ne pas s’investir pour faire avancer des choses?
Finalement, je ne peux pas être plus en accord avec la conclusion de la série En crisse. Nous manquons cruellement de ressources pour apprendre à canaliser notre colère, et ce, dès la petite enfance. J’ai envie d’envoyer de l’amour à cette colère individuelle et collective que nous vivons seuls, mais ensemble.
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