À coeur ouvert 1 septembre 2023

Deux questions qui me brûlent les lèvres

Comme nous le savons tous, la saison 2023 a été difficile pour plusieurs agricultrices et agriculteurs. Nous pouvons nous entendre sur le fait que les conditions de travail sont loin d’avoir été idéales, en commençant par dame Nature qui a pourri la vie des maraîchers et autres cultivateurs de la terre. La météo catastrophique dans certaines régions a non seulement créé de l’anxiété devant la perspective de la perte des récoltes, mais elle a entraîné une surcharge de travail et des pertes financières.  

C’est pour cette raison qu’il y a deux questions qui me brûlent les lèvres : jusqu’où êtes-vous prêt à aller pour l’amour de vos animaux, de vos terres ainsi que pour votre passion de l’agriculture? Quelles sont vos limites face à ce travail difficile sur votre corps et aussi, parfois, sur votre santé mentale? Je vous pose ces questions, car malheureusement, je m’aperçois qu’il y a beaucoup de producteurs (oui, vous n’êtes pas seul) qui ne savent plus ce qui les motive à travailler autant d’arrache-pied. 

Les réponses à ces questions sont très importantes, car elles peuvent vous aider à cibler vos objectifs et à déterminer votre train de vie pour les prochaines années. Même les gens « de la ville » se posent ces questions. En effet, il est normal de prendre un pas de recul face à notre quotidien et d’en évaluer les pour et les contre. Pas besoin de s’étendre longtemps sur les aspects négatifs; vous les connaissez. Changements climatiques, inondations, sécheresses, subventions/assurances déficientes, rareté de la main-d’œuvre, coupures dans la production porcine, prix des marchés qui ne correspondent pas aux efforts et à  l’acharnement aux champs, etc. Pas besoin, non plus, de vous rappeler que presque tout votre temps est consacré à la ferme et aux travaux dans vos champs. Plusieurs d’entre vous m’ont déclaré que leur vie de couple/familiale/sociale passait en second plan. J’ai souvent entendu : « Florence, lorsque je ne suis pas à la ferme, je tente de faire plaisir à ma femme et à mes enfants. Après cela, je n’ai pas le temps de voir mes amis et encore moins de prendre des moments pour moi. » 

Il est tout à fait normal de se demander si la motivation est encore là, surtout dans un contexte d’embûches. Heureusement, vivre et travailler à la ferme apporte aussi son lot de satisfactions. L’herbe n’est pas toujours plus verte chez le voisin. Il arrive qu’on ne voit plus ce qui est beau chez nous. Par exemple : vous êtes votre propre patron, ce qui implique une diversité dans vos tâches; vous faites une différence pour les consommateurs québécois; vous avez un lien spécial avec la nature, etc.  

Si vous ne voyez plus le beau, que vous ne voyez que ce qui cloche, il est important de déterminer quelles sont vos motivations envers votre entreprise. Remémorez-vous les plaisirs et les émotions que vous viviez lors de vos premières années de métier. Tentez d’établir quels étaient vos accomplissements/satisfactions ainsi que les conditions qui faisaient en sorte que vos journées étaient valorisantes. Vous pourrez peut-être redonner un sens à votre métier, ainsi qu’à vos gestes dans votre vie à l’extérieur de la ferme. 

Il se peut que vous n’arriviez pas à retrouver vos motivations du départ, mais que de nouvelles, tout aussi bonnes, se soient développées. Il se peut également que la flamme se soit complètement éteinte. Les questionnements sur un parcours de vie et de travail peuvent être très insécurisants. Si vous n’arrivez pas à démêler le pour du contre, si vous ne savez plus quel chemin prendre, vous pouvez faire appel à divers conseillers, dont les travailleuses et travailleurs de rang.  


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