« Vous êtes tellement plus que ce que vous croyez être. » Cette citation provient d’un livre qui a élu domicile sur ma table de chevet. Ce livre s’intitule Oser changer. Mettre le cap sur ses rêves, de Marie Bérubé et Marc Vachon. En lisant cette citation, j’ai pensé à vous qui, un jour, avez réalisé le rêve de vivre de l’agriculture et qui, au fil des saisons, avez perdu de vue ce qui vous avait motivé à atteindre ce rêve. Comment aviez-vous envisagé votre rôle et votre mode de vie en production agricole? D’où vient cette perte de motivation?

Sentir que l’on n’a plus le pouvoir sur ses affaires, ça magane entre autres la motivation et ça peut développer un sentiment d’impuissance.

Des irritants sont apparus, que vous n’aviez peut-être pas envisagés. Parmi eux, tous ces éléments externes et sur lesquels vous n’avez que peu ou pas de contrôle : la fameuse paperasse, les réglementations, les jugements négatifs de la société, les prix accordés à vos produits. En effet, des témoignages d’agriculteurs fourmillent sur la perception d’une perte de contrôle d’une portion de leur activité professionnelle en raison de l’incidence croissante de diverses réglementations, de contraintes administratives ou de l’exposition aux aléas d’un marché mondialisé. Pas très rassurant, plutôt frustrant et même stressant lorsque vous avez l’impression que les systèmes en place vous imposent tranquillement de vous retirer d’en arrière du volant et  de prendre le siège passager. 

Or, le sentiment de contrôle, c’est important. Sentir que l’on n’a plus le pouvoir sur ses affaires, ça magane entre autres la motivation et ça peut développer un sentiment d’impuissance, comme l’illustrent ces quelques témoignages : « Si j’étais seule dans ma ferme, j’aurais tout abandonné depuis longtemps. Je voulais vivre dans une ferme pour être avec la nature et les animaux, mais la société (gouvernement) m’oblige à devenir bureaucrate. »; « J’ai moins de plaisir à faire mon métier aujourd’hui, principalement à cause de la paperasse très souvent inutile à remplir. »; « Seul dans l’exploitation, sans relève, j’aime mon métier plus que tout. On nous impose tellement d’exigences qu’on dirait que ça ne finira plus. De quoi décourager le plus mordu dans son métier ». 

Parfois, il y a aussi ce qui se passe en nous et autour de nous. Lorsqu’on avance en âge et qu’on constate que notre père est incapable de laisser le volant, la motivation en prend un coup. Ou alors, lorsqu’on se sent étouffé par les impératifs transmis de génération en génération qui nous dictent d’être comme ceci ou comme cela pour être un « vrai » agriculteur. Bien des éléments peuvent avoir englouti votre rêve et vous avoir conduit à ne plus trop savoir qui vous êtes et pourquoi vous êtes là. 

Les intempéries que l’on traverse ne doivent pas définir qui on est. Le sens qu’on leur donne peut tout changer. Garder le cap sur le sens de son travail est primordial. Pour y arriver, pourquoi ne pas vous reconnecter sur les raisons qui vous ont conduit à vivre votre rêve, sur les forces que vous vous reconnaissiez et qui vous poussaient vers l’avant en vous assurant d’avoir les deux mains sur le volant. Repensez à vos aspirations profondes. Avez-vous toujours les mêmes qu’au début de votre aventure? Avez-vous dévié de votre cap en cours de route? Est-ce qu’au contraire, un changement de direction s’impose?

 On m’a déjà dit un jour qu’au cours de notre vie, la boussole est plus utile que la montre. C’est évident quand on y pense, connaître l’endroit où l’on va est plus important que de savoir à quelle heure on doit arriver. Et j’ajouterais que la qualité du conducteur qui nous y amène est aussi assez importante si on veut arriver à bon port. Ce bon conducteur, cet allié de la route, c’est vous-même, avec les deux mains sur le volant. Vous ne me croyez pas? Faites-moi confiance, vous êtes tellement plus que ce que vous croyez être.


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