Balado 5 février 2024

Entendu au son de la Terre

Dans le cadre du Salon de l’agriculture, La Terre de chez nous a été invitée à animer trois panels de discussion sur des sujets agricoles variés. Chacune de ces rencontres a permis à trois intervenants d’échanger sur des enjeux de l’heure. Pour vous donner un avant-goût, voici les réponses des panélistes à une question posée par l’animateur, Vincent Cauchy.

Pour écouter l’intégralité des discussions, cliquez ici.


Avenir de la formation

Q  Est-ce que vous diriez que la formation d’aujourd’hui répond bien aux besoins non seulement des apprenants, mais aussi de l’industrie?

R  Geneviève Lemonde (directrice générale d’AGRIcarrières) : Nous sommes chanceux en agriculture parce qu’il y en a au niveau professionnel, collégial et même universitaire, dans toutes les régions du Québec. L’offre est vaste pour la formation académique. Mais avec les dernières années, on a réalisé que ce n’était peut-être pas le modèle qui répondait aux besoins de tous les apprenants. Avoir un horaire fixe, s’asseoir sur des bancs d’école, suivre un programme sur un, deux ou trois ans, ça fonctionne avec une certaine clientèle, mais peut-être pas avec tout le monde. Il y a des nouveaux modèles qui existent, notamment des stages et de l’apprentissage en milieu de travail. Je pense que ça démontre que le secteur agricole est là pour évoluer et s’adapter aux différentes clientèles.

R  Alexandre Porlier (professeur au programme Technologie du génie agromécanique à l’Institut de technologie agroalimentaire du Québec [ITAQ]) : C’est important d’être agile dans la formation, mais je dirais également que c’est important de travailler avec l’industrie. Par exemple, à l’ITAQ, nous avons des partenariats école-industrie. C’est un travail de partenariat. On s’assoit tout le monde autour d’une table et on va se demander ce dont le futur étudiant a besoin et comment on doit adapter la formation en conséquence. L’offre est donc en constante évolution. On essaie de rester le plus flexible possible, tout en n’oubliant pas que nos programmes, notamment au collégial, sont régis par le ministère de l’Éducation et qu’il faut donc respecter le devis ministériel. On tente donc d’être agiles, mais à l’intérieur des balises. 

Mathieu Pellerin (relève agricole et étudiant à l’ITAQ) : Je pense que la formation offerte est bien adaptée à la réalité du milieu. Pour ma part, je suis un parcours accéléré, mais j’ai vu l’horaire complet des cours et je pense que ça répond vraiment bien aux besoins. C’est très innovant également. J’ai l’impression qu’on nous donne des outils vraiment avancés à plein de niveaux. Il y a aussi beaucoup de science. C’est aujourd’hui une formation pratique et scientifique à la fois. L’ensemble fait que le producteur a une plus grande polyvalence sur le terrain après.   


Valorisation de la profession

Q  Est-ce que vous croyez qu’une partie de la valorisation de la profession peut passer par la valorisation des produits de nos agriculteurs et agricultrices?

R  Stéphane Bisaillon (producteur de grains et 2e vice-président de la Fédération de l’UPA de la Montérégie) : Je pense que la valorisation, c’est d’inculquer des habitudes chez les consommateurs. Tu roules sur l’autoroute 20 vers Québec, tu arrêtes chez Lemaire pour acheter du fromage. C’est comme arrêter à la crèmerie si tu vas à Coaticook. Et il y en a des tonnes, des exemples de la sorte. Ça doit devenir une destination dans un voyage, un arrêt obligatoire. Il faut donner le goût aux citadins d’arrêter et d’aller goûter les produits directement où ils sont produits. Ça fait une énorme différence.

R  Anne-Marie St-Germain (présidente de l’organisme sans but lucratif École-O-Champ) : Il pourrait y avoir plus d’appellations contrôlées ici au Québec. On en a quand même peu par rapport à d’autres pays ou d’autres régions du monde. On produit des aliments de très haute qualité avec des normes élevées. Il faudrait mettre l’accent là-dessus. Les gens sont fiers d’acheter local, même s’il existe une dualité entre le prix et la provenance.

R  Ginette Lafleur (directrice à l’expertise et au contenu pour l’organisme Au cœur des familles agricoles) :  Je veux seulement apporter une petite nuance. J’ai constaté en Suisse, par exemple, avec les producteurs de lait pour le gruyère ou en Franche-Comté, les producteurs pour le Comté. Ils perçoivent davantage de reconnaissance que le producteur de lait dans le conventionnel parce que c’est un produit de niche. Par contre, ça vient avec des gros cahiers de charge, c’est certain. Ce que je voyais aussi, c’est que ça créait un peu deux classes de producteurs. On se ramasse avec celui qui produit pour des bons produits et celui qui produit de façon industrielle. Je n’aimais pas la division que ça créait au sein même des producteurs. Il faut se méfier de ceci.   


Changements climatiques

Q  Quelle serait la démarche à suivre pour un agriculteur qui veut en apprendre plus sur les initiatives en agroenvironnement ?

R  Laurence Pelletier (spécialiste en solutions fondées sur la nature chez Coop Carbone) : Assurez-vous que les projets auxquels vous voulez participer soient transparents. Il y a une grande mouvance dans les projets de compensation carbone, surtout en secteur agricole, qui est moins mature que le domaine forestier et il faut s’assurer qu’il y a de la transparence.

R  Simon Côté (coordonnateur général d’Arbre-Évolution) : Je crois que l’agriculteur doit être en mesure de voir ce qu’il doit faire pour aller chercher un gain financier. Quelles sont les étapes? Est-ce que c’est compliqué? À quel moment vais-je être payé? Quelles pratiques vais-je devoir changer? Au final, l’agriculteur doit vraiment se demander : à quel moment est-ce que j’ai mon argent dans tout ça? Il ne doit pas se rendre dans une dynamique où il se fait avoir et où les résultats ne sont pas au rendez-vous. 

R  Caroline Charron (biologiste à l’emploi de la fédération de l’UPA de la Montérégie) : Mon conseil pour les agriculteurs qui veulent se lancer dans des initiatives de lutte aux changements climatiques serait de contacter leur agronome. C’est vraiment la meilleure ressource au niveau de la gestion de l’entreprise. Chaque club-conseil en agroenvironnement a au moins un agronome de formé pour faire des bilans carbone. Ils peuvent vous accompagner. Si vous voyez des contrats aussi pour l’achat de crédits carbone, ils peuvent vous donner un deuxième avis et vous aider. C’est nouveau, il y a des organisations qui sont plus sérieuses que d’autres. La vigilance est donc de mise.